journal, 15 février 2010
… ce court sillage que nous traçons, chacun de nous, sur la surface de la terre. Certains d’entre nous laisseront des traces plus tangibles de leur passage dans notre infime repli de l’univers. Peu d’entre nous laisseront des marques durables.
Contrairement à toutes les autres espèces vivantes, l’humanité est probablement la seule qui puisse s’imaginer autre que ce qu’elle est. Nous nous sommes inventés des constellations de héros, de chimères, d’anges et de déesses, qui témoignent de cette orgueilleuse aspiration que nous portons en nous, sinon à l’éternité, du moins à l’immortalité.
Les marques indélébiles que la Vie, sous toutes ses formes et à travers toutes les époques, a laissées sur la surface de la terre, devraient pourtant nous porter à plus d’humilité. Des accidents astronomiques ou géologiques ont bien souvent failli en éliminer l’existence même, à plusieurs occasions depuis son apparition, en apparence miraculeuse, il y a environ trois milliards d’années et quelques secondes de plus. Il n’est pas dit qu’un sort semblable ne soit pas réservé à l’espèce humaine, tout comme aux dinosaures il y a peu, si peu, quelque 60 millions d’années.
Il faut toutefois le reconnaître : c’est cette prétention à l’immortalité qui nous propulse aujourd’hui jusqu’aux confins de notre système solaire. Et c’est cette volonté de dépassement qui nous incite à témoigner de notre présence dans l’univers, à dessiner des motifs sur des cavernes, à construire des pyramides, et à lancer des messages comme des cailloux sur la surface de notre galaxie.
C’est cette même prétention qui m’incite à évoquer le sillage que je trace dans l’univers sur les murs virtuels du réseau que l’humanité est en train de se créer depuis un peu plus d’une décennie…