Quelques balises de cheminement …

… d’un phare à un autre autour de la Gaspésie –
août basculant en septembre 2021

Phare de Métis-sur-Mer, à l’entrée de la Gaspésie

Phare de la Pointe-à-la-Renommée

Il ventait beaucoup ce jour-là. Un avant-goût, aux derniers jours d’août, de l’automne qui viendrait bientôt.
Par un temps favorable, la lentille de Fresnel de ce phare projette son feu jusqu’à 80 km de distance, jusqu’à l’île d’Anticosti. C’est un site historique : en 1905, Marconi y réussi, pour la première fois dans le monde, une communication de télégraphie sans fil avec un navire au large.

La lentille Fresnel projette son jet de lumière à de très longue distance
Perché sur une falaise dominant le fleuve Saint-Laurent, à l’Anse-à-Valleau

Là où le fleuve rejoint le Golfe Saint-Laurent, au Cap-des-Rosiers…
…le Phare de Cap-des-rosiers…
… le plus haut phare du Canada domine l’entrée du fleuve.

Phare de Cap d’espoir
Phare de Carleton-sur-Mer


Esquisse


Le 2 septembre 2018

Il fait chaud en ce jour de la Fête du travail. Je retourne à la plage du Wildwood State Park, devant le Long Island Sound.

À midi, la plage s’anime.

Je m’installe à une table de picnic sous un parasol sur la terrasse et j’y dépose mon carnet de dessin… un verre de limonade à portée de la main…


Points de vue sur les Îles

Sans prétention, quelques traits de crayons d’un amateur …
numérisation de pages de mon carnet de dessin

 

Croquis au crayon graphite
Chalets-camping des Sillons
Dune du Sud, Havre-aux-Maisons
31 août 2017

 

Esquisse au pastel
Havre-aux-Maisons, Dune du sud
Le 31 août 2017

des vagues qui s’écrasent incessamment derrière mon dos sur la plage,
la marée qui monte,
soleil timide

 

Croquis rapide au crayon fusain 2B medium
Havre-aux-Maisons, Dune du Sud
Le 3 septembre 2017

Un air qui se rafraîchit et qui devient frisquet

 

Croquis au crayon graphite
Sur la plage du Parc de Gros-Cap
Le 6 septembre 2017

 

Croquis très rapide au crayon fusain
Magasin Hector Hébert
La Grave, Havre-Aubert
Le 7 septembre 2017

 

Esquisse au crayon – graphite
Parc de Gros-Cap
Le 8 septembre 2017

 

 

 

 

Cheminant vers les Îles… journal de bord

( transcriptions des notes manuscrites de mon journal personnel, illustrées d’un dessin et d’une photo récente, ainsi que de photos d’époque )

Shippagan, Acadie, le 26 août 2017

C’est beaucoup plus par curiosité que par nostalgie que je reviens sur des lieux, la Péninsule acadienne, que j’ai visités il y a quarante ans.

Il y a deux jours, le Village acadien. Hier, le Phare de Miscou. Aujourd’hui, une courte marche dans Shippagan.

Il faudrait que je replonge dans le passé pour mesurer toute la distance du temps – retrouver les négatifs de photos que j’ai prises à cette époque, relire les notes manuscrites dans mes calepins… faire remonter les souvenirs de l’époque…

Miscou 1976

Je me souviens qu’à l’été 1976, nous avions fait le tour complet de la Gaspésie avant d’arriver ici, en pays acadien.

Nous avions fait du camping, sauf pour les jours de pluie intense, à l’occasion desquels nous allions à l’hôtel ( pas souvent, mais je me souviens particulièrement de celui de Fort Prével ).

Déjà en 1976, on abandonnait des quais en Gaspésie…

Nous avions une tente en toile bleue, épaisse, une « pup tent », où j’avais tout juste ma taille, de la tête jusqu’aux pieds.

On roulait en Toyota Celica, une voiture sportive, dont le coffre était juste assez volumineux pour contenir tous nos sacs et équipements — un minimum d’équipement, un réchaud pour faire chauffer une soupe ou du café, et une glacière qu’il fallait remplir de glace.

Nous nous étions rendus jusqu’à Caraquet, puis Tracadie, Shippagan, Miscou, avant de faire demi-tour. La région était peu développée sur le plan touristique ; peu d’intérêt, sinon que pour les lieux en eux-mêmes et les gens qu’on y rencontre — essentiellement, des villages de pêcheurs. Moi, qui suis allergique aux crustacés, j’avais eu de la difficulté à trouver de quoi manger sur les îles relativement isolées de Lamèque et Miscou.

Il y a quelques jours, à Charlo, lors d’une conversation avec un employé du camping, ce dernier m’a corrigé : je ne pouvais pas avoir circulé sur la route 11 puisque celle-ci est récente. Nous avions roulé sur la route qui longe le littoral, la 134. Nous y sommes retournés cette année. J’ai constaté qu’il y a plusieurs maisons et édifices abandonnés dans certaines sections de la route. Un grand nombre de maisons sont neuves et on devine que, certaines, plus anciennes, ont été rénovées.

Il y a une certaine industrie touristique, ainsi que des centres d’achat, des édifices publics neufs. La modernité a rattrapé la Péninsule acadienne.

Le chantier maritime de Caraquet en 1976

Mais il n’y a plus de chantier maritime à Caraquet et le journal L’Acadie nouvelle a remplacé L’Évangéline.

L’Acadie, c’est un peuple… pas un pays doté d’institutions d’état, pas une province.

C’est un peuple qui affirme aujourd’hui sa fierté d’être ; un peuple qui a été fondé sur des origines tragiques : le grand dérangement, la déportation, en 1755. L’Acadie a survécu à cet événement.

C’est ce que nous expliquait notre voisine de camping hier soir. On a une forte mémoire historique en Acadie, qui s’est transmise à travers le temps.

Sa grand-mère lui disait : « Be Acadian, speak English ! ». On n’en est plus là.

Mais il reste tout de même des inquiétudes quant à l’avenir, même si le Tintamare annuel de la Fête des Acadiens affirme une présence ostentatoire au monde. Et comme au Québec, si on compte sur une immigration francophone, on demeure réservée à son égard.

Pour ma part, j’estime que cette tentative d’ethnocide ne fut qu’un des premiers épisodes d’une longue suite de nettoyages ethniques des peuples amérindiens, effectués par les Anglais d’abord, puis par leurs successeurs américains, sur tout le continent nord-américain pendant deux siècles.


Le 28 août – Sur la route… maritime

Je me détache de l’actualité depuis une semaine. Désintoxication de l’Internet notamment… pas de courriels quotidiens, pas de furetage dans mes réseaux. Je n’ai plus de connexions quotidiennes. Et je m’en passe bien, tout en reconnaissant que j’y retournerais si je le pouvais — qu’une heure seulement.

On a oublié comment on fonctionnait il n’y a pas si longtemps sans ces outils de communication sociale. Ceux-ci accaparent beaucoup de notre temps. Nous avions aussi beaucoup plus de temps pour vaquer à d’autres occupations.

La route du littoral, le long du Détroit de Northumberland

Au cours de ce voyage, je trouve utile de recourir aux cartes géographiques traditionnelles, sur papier, complémentairement à mon appareil de géolocalisation. Ce dernier n’est pas de grande utilité si on veut s’écarter, rouler sur des routes de travers, sur le circuit de la route acadienne par exemple, qui longe de littoral du Nouveau-Brunswick, de la Péninsule acadienne jusqu’au pont de la Confédération. Je ne me sers de mon appareil de géo-positionnement que lorsque les cartes traditionnelles manquent de précision.

Si je me détache des réseaux télématiques, et de l’actualité, je me positionne mieux dans le temps. Je mesure mieux le temps qui passe.

À Lamèque, j’arrête dans une station de service pour faire le plein et demander des directions, comme je le fais autrefois. Je me rends compte que je me retrouve dans un établissement qui a conservé son allure d’autrefois, tout en s’étant branché au 21e siècle : la station service est toujours un garage et pas seulement un point de service pour faire le plein d’essence ; le magasin vend toujours des items reliés à l’entretien mécanique de véhicules motorisés — ce n’est pas un dépanneur où on s’approvisionne en chocolat, en sucre et en sel tout en faisant le plein. Toutefois, la caisse est branchée sur les réseaux de flux commerciaux et financiers électroniques. On ne retrouve ce genre d’établissements à l’allure traditionnelle que dans des régions qualifiées d’excentriques, par rapport aux centres urbains ou dans les axes qui les relient — ou dans les villages historiques. Mais encore, même dans une région relativement excentrique, ces vieux garages, « comme déjà », sont devenus rares.

Je ne m’ennuie pas d’un temps qui ne s’est pas figé dans le passé. Je me souviens trop bien de certains aspects que je ne regrette pas de ce passé. Mais, pourtant, oui, parfois je déplore certaines dimensions de l’évolution culturelle, sociale et économique de notre société. Surtout, je déplore l’accélération du rythme de vie et tout ce qui en découle.

Je fuis vers les Îles-de-la-Madeleine, là où, à ce qu’on me dit, le rythme est plus lent.

Cheminant vers les Îles – Shippagan et Miscou

Les 25 et 26 août 2017

Nous nous installons au Camping de Shippagan pour la fin de semaine.

Samedi matin, au Camping Shippagan. La journée s’annonce belle…

 

Shippagan

Faut pas être pressé dans la Péninsule. La vie se déroule au rythme de la lenteur.

Un arrêt à la Librairie Pélagie sur le boulevard qui traverse Shippagan. Une marche dans le secteur des principales institutions – Service Canada, Université de Moncton, Collège communautaire, bureau de poste, l’église, le Centre de congrès, et l’Aquarium.

Une pause, pour passer le temps au Tazza Caffe dans le centre commercial…

 

Il y a une trentaine d’années, l’Aquarium et Centre marin de Shippagan a fait l’acquisition de l’ancien phare qui veillait sur l’embouchure de la rivière Miramichi. Construit en 1869, il a servi à la navigation jusqu’au début des années soixante. On l’a démantelé pièce par pièce et déménagé à son emplacement présent, devant l’Aquarium.

 

***

Miscou

 

Le Phare de Miscou – Le deuxième phare érigé dans le Golfe Saint-Laurent, en 1856

L’Île de Miscou baigne dans le Golfe Saint-Laurent. Il y a une quarantaine d’années, Miscou, c’était littéralement un « bout du monde ». Aujourd’hui, un pont relie l’île de Miscou à celle de Lamèque, qui est elle-même reliée par un pont à la « terre ferme », Shippagan.

Au nord de l’île, le phare de Miscou veille sur l’entrée de la Baie des Chaleurs. Par temps clair, au loin, à l’est, on peut apercevoir la côte de la Gaspésie. Il y a une quarantaine d’années, il n’y avait que le phare, dont la porte était fermée, ainsi que la maison du gardien du phare. Si je me fie à mon souvenir, ce dont je me méfie, il n’y avait pas de stationnement.

Depuis une dizaine d’années, les visiteurs peuvent désormais y avoir accès, monter jusqu’en haut, au balcon, et admirer le paysage tout autour. De retour au pied du phare, on peut flâner sur la grève ou dans l’aire de pique-nique ; aussi, le restaurant offre une carte de mets appétissants.

L’escalier intérieur du Phare de Miscou

 

Du haut du phare, on peut voir la côte gaspésienne, vers l’ouest, au-delà de la Baie des Chaleurs

 

Du haut du phare, il faut imaginer l’archipel des Îles-de-la-Madeleine, au delà de l’horizon, vers l’est

 

Flâner sur la grève, au pied du phare

 

Le site du Phare, au bout de la Péninsule, dans le Golfe Saint-Laurent

 

De retour au Camping Shippagan, en fin d’après-midi…

 

 

Cheminant vers les Îles… le Village historique acadien

 

Le 25 août 2017

Ce matin-là, avant même de sortir du lit, ressentant la chaleur dans le motorisé, puis jetant un coup d’œil à l’extérieur, on devinait que l’air était déjà clément.

Avant de décamper, je flâne autour, je parle avec d’autres voyageurs qui s’apprêtent, eux aussi, à partir. Je prends le temps d’arpenter le camping ( Le Héron bleu à Charlo ), de passer devant l’accueil, de m’entretenir avec les propriétaires du camping de choses et d’autres… du temps qu’il fait, d’où nous venons et où nous nous dirigeons, et du chemin à prendre pour se rendre vers Caraquet et Shippagan ; où mène la route qui passe entre le camping et la Baie des Chaleurs qu’on peut contempler devant nous ? Il y a une route sur ce qui semble être une digue devant… c’est l’ancienne route, la 134, qui longe la côte jusqu’à Caraquet, en passant par Bathurst.

C’est celle que nous avions prise il y a quarante ans quand nous étions venu visiter les environs la première fois. C’est celle que nous prenons, encore une fois, au lieu de la nouvelle route, la 11, plus rapide, qui passe par l’intérieur des terres jusqu’à Miramichi, Shediac, vers le Pont de la Confédération qui nous mène vers le traversier jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine.

Chemin faisant, avant d’aller s’installer à Shippagan pour quelques jours, nous retournons au Village Acadien, que nous avions visité lors des cérémonies de son inauguration, en 1976.

Nous y arrivons à la fin de la matinée.

Le Centre d’accueil est plus récent. On reconnait la plupart des édifices du Village original, leur aspect, leur disposition. On l’a agrandi, amélioré. On lui a ajouté une nouvelle section, qui reproduit une époque plus récente. L’atmosphère, l’Acadie chaleureuse est la même. Les interprètes qui animent les lieux évoquent la fin de la saison qui approche. On sent l’automne dans l’air.

Nous choisissons de dîner à la Table des ancêtres, à la Maison Dugas, avant d’entreprendre notre visite du Village.

Un point de vue sur le Village acadien.

 

Après avoir très bien mangé autour d’une table que nous avons partagée en bonne compagnie, des gens venus du Québec comme nous, mais dont certains ont des racines locales, je me dirige vers l’imprimerie ( 1880 ), juste en face, de l’autre côté de la route.

Lors de ma première visite, le journaliste que j’étais à cette époque y avait passé beaucoup de temps pour jaser métier avec l’interprète qui incarnait le rédacteur du Moniteur acadien, le journal de l’Acadie d’antan. J’en étais sorti avec une copie du journal fraîchement imprimée, sur place, avec une vieille presse, à la manière de l’ancien temps. Je l’ai conservée dans mes tiroirs. Il faudrait que je la récupère un de ces jours.

Le Moniteur Acadien, face à la Maison Dugas, où on trouvera une très bonne table… une cuisine à l’ancienne.

 

J’avais aussi conservé un bon souvenir de la Forge Léger ( 1874 ). Je raconte au forgeron que j’avais rapporté un clou, fabriqué dans cette même forge,  lors de notre première visite. Toutefois, j’avais négligé d’identifier l’origine de chacun des clous des nombreux villages historiques que j’ai visités au cours de mes nombreux voyages au cours des ans : parmi d’autres, Williamsburg, en Virginie, Upper Canada Village tout près de Cornwall, en Ontario, la reconstitution du premier établissement européen en Ontario, Sainte-Marie-chez-Hurons, à Penetanguishene… À la fin de notre conversation, le forgeron d’aujourd’hui me donne un autre clou, martelé sur les lieux mêmes, à la manière d’autrefois.

La vieille forge d’autrefois…

 

Je poursuis ma visite. Je constate que, comme dans le Village d’Antan de Drummondville au Québec, il y a des enfants dans le Village, habillés comme les enfants d’antan, qui ajoutent une note vivante, d’authenticité, à la visite de ces reconstitutions historiques. La petite fille tourne autour de sa mère, l’interprète qui travaille dans la Maison Thériault ( 1890 ).

La Maison Thériault se distingue, entre autres, en raison de son puits intérieur, rare à l’époque.

 

Une reconstition d’un pont couvert relie la partie originale du Village Acadien à la nouvelle section, qui rappelle un temps moins ancien, la première moitié du siècle dernier.

Cliquez sur la photo pour l’agrandir, et notez l’inscription au dessus de l’entrée du pont : il est interdit, sous peine d’une amende de $ 20, de conduire plus vite que le rythme de la marche humaine.

Le tonnelier avait beaucoup d’ouvrage il y a cent ans. Il fallait beaucoup de tonneaux pour acheminer des céréales, des salaisons, des pommes de terre, vers les marchés des villes distantes.

La tonnellerie ( 1937 )

 

La station Irving ( 1936 )

 

L’interprète de la Maison du Sénateur Onésime Turgeon était fière de son poêle et a été très émue lorsque je lui ai dit qu’elle m’a rappelé le souvenir de ma grand-mère.

 

C’est dans la cuisine d’été qu’on a retrouvé l’interprète de la maison de la Ferme Chiasson, en train de piquer une courtepointe. C’est la deuxième personne à me rappeler le souvenir de ma grande-mère paternelle, qui piquait des courtepointes. J’ai d’ailleurs conservé une courtepointe destinée à un enfant, qui a réconforté non seulement ma fille, mais aussi ma petite-fille.

 

C’est un voyage agréable que de se promener dans le passé au rythme lent de la marche, en jasant avec les interprètes et parfois même avec d’autres visiteurs, le temps d’une après-midi tranquille.

 

 

Chemin faisant vers les Iles… lentement

 

… à l’aller, le 23 août 207

Après un arrêt au Phare de Pointe-au-père, nous nous permettons un petit détour pour faire une pause au Centre d’art Marcel Gagnon, à Sainte-Flavie – la Porte de la Gaspésie.

On sent l’air du grand fleuve.

La marée est basse au moment de notre arrivée peu avant midi. Les personnages du Grand rassemblement sont tous alignés sur la grève. Nous constatons qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ceux que nous avions admirés lors de notre dernier tour de la Gaspésie il y a un peu moins d’une quinzaine d’années.

Avant de nous diriger vers le restaurant, la coureuse de grèves prend le temps de faire connaissance avec ceux qu’elle n’avait pas rencontrés la dernière fois.

À marée basse, au Centre d’art Marcel Gagnon, on peut admirer l’ensemble complet des dizaines de personnages du Grand rassemblement, alignés en rangée sur la grève.

 

On se dirige vers le restaurant du Centre d’art… Puisque nous sommes arrivés tôt, nous obtenons une table devant une fenêtre qui nous offre un point de vue incomparable, devant le Grand rassemblement.

Le temps coule au rythme du fleuve. On peine à distinguer la Côte nord du fleuve au loin. Des cargos passent tranquillement au large. La marée montante recouvre graduellement, un par un, les personnages.

 

Le contexte est romantique… la marée montante encercle un couple de touristes sur un ilot. La nature les rappelle à l’ordre : ils doivent se mouiller les pieds pour retourner sur la terre ferme.

 

Après le repas ( du poisson bien entendu ), nous trainassons un peu dans la boutique, puis nous ressortons dehors pour musarder un peu au soleil avant de retourner sur la route.

Nous filons à travers la vallée de la Matapédia. Deux heures plus tard, en fin d’après-midi, nous nous retrouvons dans l’antichambre du pays acadien, sur le bord de la Baie des chaleurs.

De Charlo, au Nouveau-Brunswick, on peut voir la Péninsule gaspésienne au-delà de la Baie des chaleurs.

 

 

Quelques balises pour …

… se rendre aux Îles-de-la-Madeleine en voiture, à partir de Montréal et des alentours, en passant par la Péninsule acadienne : les phares sur mon chemin

 

Le Phare de Pointe-au-Père

Le Phare de Pointe-au-Père, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, au Québec

Je m’y suis arrêté, en passant, sur ma route vers les Îles, sans y monter, me réservant le plaisir de le faire sur le chemin du retour. C’est un beau phare, un des plus beaux que j’aie contemplés.

 

Le Phare de Miscou

Le Phare de Miscou, au Nouveau-Brunswick

Construit en 1856, ce phare est un des plus vieux dans la région du Golfe Saint-Laurent.

C’est la deuxième fois que je visite ce lieu.

La première fois, il y a une quarantaine d’années, il était situé littéralement « au bout du monde », à la pointe nord de la Péninsule acadienne, comme l’affirme le site Web de Tourisme Nouveau-Brunswick. Il n’y avait pas de pont entre l’île de Lamèque et l’île de Miscou. On accédait à l’île sur un traversier, un bac motorisé en réalité. Les roues arrières de ma voiture étaient retenues par des chaînes, et le coffre dépassait les limites du traversier. Nous nous étions trouvés dans un paysage sauvage — pas de restaurant, pas de boutique, pas de toilettes, pas de visite, pas d’accueil touristique. On ne pouvait pas visiter l’intérieur du phare, ni monter jusqu’en haut…

C’est fou ce qu’un pont peut changer une île.

 

Deux phares de l’Ile du Prince Édouard

Le phare de Souris, Île-du-Prince-Édouard

Ce phare domine le havre de Souris, où on prend le traversier pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine.

Nous avions trois heures pour flâner en attendant le traversier qui nous mènerait à l’archipel. Au lieu de se diriger vers les boutiques de la rue principale de Souris, nous nous sommes plutôt orientés vers le phare. Nous étions les premiers visiteurs. Il faisait beau et chaud. J’ai monté jusqu’en haut. Lorsque je suis descendu, je me suis installé à côté de l’ancienne maison du gardien de phare, et je l’ai dessiné.

Puis, nous sommes revenus sur nos pas, jusqu’au resto devant la zone d’embarquement, jusqu’à l’arrivée du traversier.

 

Le phare de East Point, IPE

Nous l’avions visité la veille de notre embarquement vers les Îles. Ce phare a été construit il y a 150 ans, soit la même année que l’adoption de la constitution de la fédération canadienne par le Parlement britannique.

 

Deux phares des Îles de la Madeleine

Lorsqu’on arrive de Souris, on n’aperçoit pas les deux autres phares ci-dessous au cours de la traversée vers les Îles. Le premier, celui de l’Anse-à-la-Cabane est situé sur l’île de Havre Aubert, au sud de l’archipel des Îles. Le deuxième, est situé à l’ouest, sur l’île du Cap-aux-Meules.

Le phare de l’Anse-à-la-Cabane, au sud de l’Île-de-la-Madeleine

 

Le phare de l’Étang du Nord, Îles-de-la-Madeleine

 

The Open Road : mes road trips américains

 

En 1960, la photographe Inge Morath traverse le continent américain en automobile, de New York jusqu’à Reno, Nevada, en compagnie de Henri Cartier Bresson. Elle se sert autant de sa dactylo portative que de sa caméra pour annoter ses observations.

Ce sont les photos de Morath, que j’ai examinées attentivement en tournant les pages du livre de photos The Open Road ( The Road to Reno ),  qui m’ont inspiré pour piquer ici la courtepointe de mes road trips américains.

Bonnes routes…


winnebago
Camping, South Bend, Indiana – juin 2011 — Les « Native Americans » n’apprécient guère qu’on se serve des noms dérivés de leurs cultures, les noms de tribus ou de leurs grands chefs historiques, pour identifier des marques de commerce, telles, par exemple, la Pontiac, la Winnebago, le camion Chevrolet Apache, ou la Jeep Cherokee… Il est intéressant d’observer qu’après avoir tenté d’éliminer leurs cultures, on en valorise des éléments aujourd’hui.

 

winterset-madison-county-iowa
Winterset, Iowa, juin 2011 — Ville natale de John Wayne et chef-lieu du comté de Madison, où on a tourné le film The Bridges of Madison County, mettant en vedette Clint Eastwood et Meryl Streep. Le jeune couple qui pose devant la statue de John Wayne est venu du Texas jusqu’à Winterset`, pour visiter la maison natale de cet acteur qui a personnifié une certaine image de l’homme américain de son époque.

 

camping-cody-wy
Ponderosa Campground, Cody, Wyoming, juin 2011 — On peut toujours s’offrir un repas à l’hôtel Irma, au coeur de Cody, la ville fondée par Buffalo Bill Cody, marcher sur la rue principale, entrer dans un magasin, s’acheter un chapeau et une veste de cowboy… Pour admirer une magnifique collection d’art de l’Ouest américain, ainsi que la collection des armes à feu qui ont servi à conquérir l’Ouest, et pour mieux connaître le territoire des Rocheuses, ses paysages, les Indiens des Plaines et, enfin, le personnage de Buffalo Bill Cody, le voyageur devra passer quelques heures, sinon deux jours pour visiter l’étonnant Buffalo Bill Heritage Centre.

 

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Parc national Pecos Pueblo, Nouveau Mexique, juin 2016 — Notre guide, un descendant des Espagnols qui se sont installés dans l’ancienne province du Nouveau-Mexique,  bien avant la conquête américaine il y a plus d’un siècle et demi, raconte une version plus équilibrée de l’histoire de sa région et de ce site, selon les points de vue espagnol, pueblo, et américain.

 

Patrimoine architectural historique de la communauté noire de Cape May, New Jersey, mai 2014 — Au cours des années 60, une terrible tempête d’hiver ravage Cape May pendant quelques jours. Le quatier habité par la communauté noire est plus touché que les autres. Les édiles municipaux, en majorité blancs, qui lorgnaient sur le potentiel immobilier de ce secteur de la ville, manœuvrent pour élaborer un plan de rénovation urbaine. Il reste encore quelques traces du quartier historique de la communauté noire de la ville. En été, un organisme qui veille sur le patrimoine de cette communauté organise des visites guidées, à pied, à l’intention des touristes, pour raconter l’histoire de leur communauté.

 

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Santa Fe, Nouveau-Mexique, juin 2016 — Qui n’a pas rapporté un ou des souvenirs de leurs voyages… du sable de plage, un vase, un crâne de vache… ? Certains souvenirs sont plus modestes que d’autres. La valeur de ceux-ci est souvent plus émotive que monétaire.

 

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Old Faithful, dans le Parc national Yellowstone, juin 2014 — Les visiteurs, venus de tous les continents, se rassemblent graduellement ; l’auditoire s’étale sur le trottoir en bois… on attend… Patience… le geyser si célèbre n’est plus aussi régulier, ni aussi spectaculaire que par le passé. Aussitôt le spectacle presque terminé, il ne faut pas rater l’occasion de prendre une photo, pour le souvenir du moment.

 

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Charleston, Caroline du sud, mai 2014 — Samedi matin, la onzième édition du Charleston Dog Show.

 

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Jetée, Virginia Beach, Virginie, mai 2014 — Quoi faire sur le long de la plage quand la journée n’est pas propice à la baignade ? Toutefois, les pêcheurs doivent parfois faire concurrence aux dauphins qui s’adonnent aussi à cette occupation.

 

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Pike Place Market, Seattle, Washington, juillet 2011. Les voyageurs qui parcourent de longues distances en autocaravane peuvent choisir d’y préparer leurs repas dans leur « maison mobile » plutôt que d’aller au restaurant. Pour s’approvisionner, outre les supermarchés, ils peuvent fréquenter, là où il y en a, les marchés publics, comme celui-ci, toujours animé. De plus, ces voyageurs savent que qui dit marché public dit aussi restauration.

 

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Café, Corning, New York — Une pause après la visite d’un musée, prendre des notes de voyage, consulter les cartes routières, ou avant de reprendre la route…


Je suis en train de préparer une présentation sur mes road trips américains, que je livrerai dans quelques semaines à mon club de photo. J’envisage de décomposer cette présentation en plusieurs thèmes, tout en la clôturant avec une nouvelle version d’un diaporama qui porterait sur la route en soi, telle que vue derrière le pare-brise de notre autocaravane…

Soucis de sécurité en voyage aux États-Unis

Le 8 juillet, 2016… on traverse la frontière

Tôt le matin, je passe au bureau du camping, pour remercier le personnel avant de partir, pour prendre des renseignements, et faire un peu de jasette en ce beau vendredi matin ensoleillé…

Je dis aux employés que nous sommes sur le chemin du retour vers chez-nous, à Montréal, que c’est notre dernière matinée aux États-Unis… on nous recommande de nous préparer pour traverser la frontière, en nous prévenant que les douaniers canadiens exercent un contrôle sévère des armes à feu… je leur réponds que c’est ce que nous attendons de nos douaniers et que, comme la plupart des Canadiens, nous ne possédons pas d’armes à feu… ce qui déclenche une conversation amicale sur ce sujet si controversé. On s’étonne de ce que nous terminons un aussi long voyage, sur une si longue distance, sur une période de deux mois, sans armes.

Dans mes conversations avec les Américains sur ce sujet, j’ai appris qu’il vaut mieux, selon les circonstances… d’être poli, ou de chercher à dévier la conversation sur un autre sujet, ou de convenir d’être en désaccord quant à nos opinions sur le sujet, ou parfois même, d’en rire.

Je ne comprend pas l’obsession presque fétichiste des Américains à l’égard de la possession d’armes à feu. Ce qui est clair, c’est que l’impasse politique sur le resserrement du contrôle des armes à feu favorise le maintien du statu quo.

Ce que je comprends, c’est que tout revient constamment à la question de la sécurité. On répète qu’il faut absolument voir à se protéger contre toute menace qui pourrait survenir. Je m’interroge, sans jamais le leur demander : est-ce qu’ils ont vraiment l’impression de vivre dans une jungle, ou une zone de guerre ?

D’autre part, de retour chez-nous et avant de repartir sur les routes, on nous pose souvent la question si nous avons peur de circuler aux États-Unis… peur de se tromper de chemin et de se retrouver dans une zone moins sécuritaire… peur de se faire agresser…

De façon générale, nous sommes conscients qu’il faut être prudent ; nous reconnaissons que nous nous sommes sentis inconfortables à quelques occasions. Mais, nous n’avons pas eu peur de voyager aux États-Unis. Néanmoins, nous avons constaté que le climat social s’est détérioré depuis quelques années.


Quelques anecdotes…

poursuivre votre lecture…

Road Trip : The Open Road

Monument commémoratif de Crazy Horse, au Dakota du sud ( photo : Fernan Carrière )
Monument commémoratif Crazy Horse, au Dakota du sud – Juin 2011 ( photo : Fernan Carrière )


Détroit, Michigan – Jeudi, le 7 juillet 2016

Soixantième jour sur la route. Le voyage s’achève… Partis de Santa Fe il y a deux semaines, nous roulons en direction de Montréal… il ne nous reste plus qu’à traverser le sud de l’Ontario, tout au long du ruban de la route 401, de la frontière américano-canadienne, à Détroit, jusqu’à la frontière québécoise… un peu moins de mille km…

C’est notre dernier jour aux États-Unis. Nous retournons, encore une fois, au musée des beaux-arts de Détroit, le Detroit Institute of the Arts. Deux expositions nous y attendent.

Coïncidence heureuse, à la fin d’une longue route : une première exposition de photos sur l’expérience du road trip américain et une deuxième, d’œuvres d’art qui évoquent le Grand Tour de l’Europe que des jeunes gens fortunés accomplissaient aux 18è et 19è siècles. Quoique portant sur des sujets différents, ces deux expositions se complètent.

L’exposition sur le Grand Tour, composée principalement de tableaux et de dessins, documente l’expérience des jeunes gens de la noblesse et de la grande bourgeoisie naissante de l’Europe, qui effectuaient un grand voyage à la fin de leurs études, avant d’amorcer leur carrière comme diplomates, militaires ou marchands.

L’exposition de photos sur le road trip américain se distingue de l’autre, non pas seulement sur les plans géographique ou temporel, mais surtout parce qu’elle témoigne d’une tout autre culture.

Parmi l’ensemble de leurs nombreux récits identitaires, les Américains se sont créé un mythe, celui de la route : une route qui ouvre de grands horizons nimbés de liberté et d’espoir.

Ils ont d’abord tracé des réseaux complexes de routes, toutes sortes de routes, qui leur ont permis de prendre possession du territoire qu’ils occupent aujourd’hui. Puis, ils en ont tissé une mythologie, en leur consacrant des récits, des romans, des chansons, des films, voire un monument … parmi d’autres, le journal de voyage de John Steinbeck, Travels with Charlie, le film Easy Rider de Dennis Hopper et Peter Fonda, de nombreuses chansons, dont On the Road Again de Willie Nelson,  le livre de photo The Americans de Robert Frank, préfacé par Jack Kerouac, dont il faut lire aussi le récit de son voyage avec Frank le long de la côte Atlantique dans le recueil de nouvelles Good Blonde and Others ( Vraie blonde et autres, Gallimard, Folio 3904 ) :

Just took a trip by car to Florida with Photographer Robert Frank, Swiss born, to get my mother and cats and typewriter and big suitcase full of original manuscripts, and we took this trip on a kind of provisional assignment from Life magazine who gave us a couple hundred bucks which paid for the gas and oil and chow both ways. But I was amazed to see how a photographic artist does the bit, of catching those things about the American Road writers write about. It’s pretty amazing to see a guy, while steering at the wheel, suddenly raise his little 300-dollar camera with one hand and snap something that’s on the move in front of him, and through an unwashed windshield at that…

On the Road to Florida, in Good Blonde and Others, Jack Kerouac

Il faut avoir traversé le continent, de long en large, du sud au nord, de l’est vers l’ouest, ou en diagonale comme nous venons de le faire, pour saisir toutes les dimensions de cette mythologie, au delà des images d’Épinal qui la définissent ou l’expriment parfois.

Intitulée The Open Road: Photography and the American Road Trip, l’exposition de photos qui chemine un peu partout dans les États-Unis depuis quelques mois ( en février 2017,  elle fait étape à St. Petersburg, Floride ) témoigne de cet engouement qu’ont les Américains pour « la route ». Ceux qui n’auront pas l’occasion de la voir pourraient consulter le livre de la maison d’édition Aperture, qui a participé à l’organisation de cette exposition, et qui présente plus de photos que celles qui sont exposées.

Les sites Web des musées présentent un résumé de cette exposition. Les amateurs de photographie voudront particulièrement consulter les articles que lui ont consacré de journaux, tels de NY Times ( dans sa section hebdomadaire sur la photographie ) et un quotidien de Tampa Bay. Je me contenterai de signaler quelques œuvres qui ont attiré mon attention.

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Photo : Steven Shore, Trail’s End Restaurant, Kanab, Utah, le 10 août 1973.

Parmi tant d’autres, la photo ci-dessus a retenu mon attention.

Quels qu’ils soient, tous les voyageurs se nourrissent – dans des auberges, des restaurants…  Ce ne sont pas les motifs de décoration sur l’assiette, ni les dessins sur le napperon en papier qui m’ont fasciné en examinant cette photo que Steven Shore a prise de son déjeuner ; c’est plutôt le verre de lait. Aujourd’hui, il est devenu rare d’observer un client, même un enfant, demander un verre de lait dans les restaurants américains. Un verre de lait est même aussi dispendieux, sinon plus qu’un verre de boisson gazeuse.

Les dessins sur le napperon représentent bien la région de la ville de Kanab, située sur la frontière de l’Utah et de l’Arizona, où cette photo a été prise il y a 44 ans : l’histoire de la vocation minière de la région, des relations entre les autochtones et la majorité blanche, évoquent la colonisation du territoire…

D’autres photos avaient aussi saisi mon attention, telle une photo de William Eggleston, prise dans les années 60, d’un adolescent qui pousse des charriots à l’extérieur d’une épicerie. J’avais approximativement le même âge que cet adolescent à l’époque. Je me suis longuement arrêté devant cette photo : qu’est-il devenu ? A-t-il été conscrit pour aller combattre au Vietnam ? Si oui, en est-il revenu vivant, ou éclopé, marqué pour la vie ? … Et si j’étais né Américain plutôt que Québécois …

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Un examen attentif de toutes les photos, associé à la lecture des notes descriptives affichées sur les murs de cette exposition, montre à quel point ces photos nous racontent l’évolution de ce pays, des années cinquante jusqu’à tout récemment : par exemple, les photos de stations service prises par Ed Ruscha, ou celles de Lee Friedlander des monuments publics parsemés dans les places publiques. Comme le souligne l’article du NY Times cité plus haut, l’exposition ne montre pas une vision bucolique des États-Unis. Elle dérange et nous interpelle.

En feuilletant les pages du livre de cette exposition à mon retour de voyage, je me suis interrogé : et si je devais choisir une dizaine de photos de mes trois voyages à travers l’Amérique depuis cinq ans… J’aurais énormément de difficulté à tracer des balises pour guider mon choix parmi les centaines de photos que j’ai prises… à venir.

Road Trip : Michigan

Début juillet 2016 : sur la I-94, de Saint-Joseph à Détroit

Nous passons une nuit dans un camping très sympathique à quelques km du lac Michigan, l’avant-dernier camping aux États-Unis, avant de traverser la frontière canadienne, sur le chemin du retour, deux jours plus tard.

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Avant de retourner sur la route, nous flânons quelques heures dans la petite ville de Saint-Joseph, une station balnéaire sur le bord du lac Michigan. Il vente beaucoup et une bruine froide couvre la ville tôt le matin. Bien entendu, la plage est abandonnée.

Une plaque historique nous informe que le lieu a été établi par des Français, qui y ont construit un fort, aujourd’hui disparu, à l’époque de la Nouvelle-France. Le rythme de vie est lent dans le centre historique de la ville. Nous choisissons un café, où on sert de bonnes pâtisseries et du café, du vrai, de l’espresso ; de plus, on y vend des produits gourmands, des plats froids pour composer notre repas, plus tard en fin de journée.

Cette très courte visite d’un endroit que nous n’avions prévu dans notre itinéraire nous incite à caresser le projet d’un autre voyage pour l’avenir : celui de longer les rives des lacs Michigan et Huron. Entre autres, on pourrait retracer et suivre les traces des grands explorateurs français des 17è et 18è  siècles, au Minnesota, au Wisconsin, et au Michigan… Beaucoup de nos ancêtres canayens se sont établis dans ces régions, comme en témoignent les récits de Antoine Bernard ( Nos pionniers de l’Ouest, 1949 ), ainsi que Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque  ( Ils ont couru l’Amérique ).

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Le ciel se dégage au moment où, en fin de matinée, nous retournons sur l’autoroute I-94 en direction de Détroit.

C’est toujours étonnant, en filant rapidement sur la route, de contempler les paysages qui changent : quel contraste entre les contreforts des Rocheuses au Colorado et au Wyoming que nous avions laissés derrière nous moins d’une dizaine de jours plus tôt, ainsi que les grandes plaines du Nebraska, les collines ondoyantes de l’Iowa et les prairies de l’Illinois. Au Michigan, il y a plus de boisés et de terres laissées en friche – une agriculture beaucoup moins intensive. Le paysage s’urbanise de plus en plus à l’approche de Détroit.

Le paysage du Michigan est le même que celui du sud de l’Ontario, une région que je connais très bien pour l’avoir arpentée de long en large, à plusieurs reprises pendant des décennies. Beaucoup de marques de commerce nous sont toujours étrangères ; nous calculons toujours les distances en miles plutôt qu’en km ; nous utilisons toujours des dollars américains pour faire le plein d’essence ou pour payer la note dans les restaurants ; mais, le nombre accru de plaques d’immatriculation ontariennes sur la route nous indiquent que la frontière canadienne se rapproche.

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Enfin, nous arrivons à destination. Nous retournons au même camping où nous nous étions installés au début de notre première virée transcontinentale, cinq ans plus tôt, le Detroit Greenfield RV Park.

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Road Trip : du Missouri jusqu’au lac Michigan

Début Juillet 2016 : au milieu du continent

Le jour de la fête nationale américaine, le Fourth of July, aussi appelée Independence Day, nous quittons Omaha et nous passons du Nebraska en Iowa en traversant le Missouri.I-80 Missouri

Deux jours pour traverser l’Iowa et l’Illinois, d’ouest vers l’est, sur l’autoroute I-80… quelques arrêts pour manger, faire le plein d’essence, s’étirer les jambes parfois, dormir une nuit, à quelques mètres du Mississippi, dans un camping entouré de marais et de lacs naturels et artificiels : neuf cent kilomètres, à contempler le paysage des collines ondulantes de l’Iowa et des prairies vertes de l’Illinois…

Le ciel est généralement couvert, mais il ne pleut pas.

Dès qu’on enjambe le Missouri et qu’on passe du Nebraska en Iowa, le paysage devient vallonné, et le type de culture se diversifie : du maïs toujours, mais aussi du soja ainsi que de l’avoine.

Nous remarquons qu’on a commencé à tailler les collines, à les étager, probablement pour faciliter l’utilisation de la machinerie agricole.

Au delà du Mississippi, en Illinois, le paysage change subtilement. L’ondulation des collines qui se suivaient les unes aux autres en Iowa se redresse progressivement.

La circulation se fait plus dense à mesure qu’on se rapproche et qu’on contourne Chicago, puis se dissipe rapidement au-delà de Chicago. On quitte la I-80 pour s’engager sur la I-94 en direction de la prochaine étape : Détroit.

Quelques images…

Jour 1 : l’Iowa

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pour visionner la suite du Road Trip

Quelques campings sur les Grandes Plaines de l’Ouest

Salina, Kansas – le 8 juin 2016

Cinq heures de route depuis Independence Missouri, incluant l’arrêt pour le lunch sur le bord de l’autoroute. Il fait chaud, très chaud, c’est sec et il vente, il vente très fort, un vent qui soulève la poussière ; mais on est bien à l’intérieur, à l’air climatisé.

Les préposés à l’accueil du camping à Salina, Kansas, nous disent que le mercure du thermomètre s’élèverait rapidement bien au dessus des 100 degrés F s’il n’y avait pas de vent.  On s’installe en milieu d’après-midi, avant l’arrivée de tous les autres voyageurs.

Le camping se remplit progressivement jusqu’en début de soirée. Sur le bord de l’autoroute I-70, au milieu des champs de blé. De passage pour une nuit ; une nuit chaude. On reprend la route tôt le lendemain matin, pour s’engager sur la Piste de Santa Fe.

Camping - Salina
Fin d’après-midi, bien installés à l’ombre, à Salina, Kansas ; en arrière-plan, les camions à remorque filent sur la I-70 vers l’est.


Dodge City, Kansas – les 9 et 10 juin 2016

Après un premier arrêt au cours de l’avant-midi à Pawnee Rock, le lunch à midi dans un restaurant mexicain à Larned, et une visite du site historique du Fort Larned National Historical Park, on file vers Dodge City. On passe la nuit au Gunsmoke RV Park.

Le lendemain, tôt le matin, il fait déjà chaud, très chaud, comme la journée précédente. On part visiter la ville : le Boot Hill Museum, une visite guidée des environs de la ville… ( pour les fans de Lucky Luke, les Dalton, ce n’est pas une fiction ; ils ont réellement existé ; on peut même visiter leur maison familiale à quelques km de distance, un peu plus à l’ouest de Dodge City ). Nous retournons au camping.

Camping - Gunsmoke RV Park
Tôt le matin, un employé nettoie la piscine devant le complexe d’accueil du Gunsmoke RV Park à Dodge City, Colorado.


Las Vegas, Nouveau Mexique – 13 juin 2016

En quittant, on pousuit vers l’ouest sur la US 50, jusqu’à La Junta, Colorado. Nous y passons deux nuits, puis nous filons à nouveau vers le sud, en direction de Santa Fe.

Une dernière halte d’une nuit au KOA, à Las Vegas, Nouveau Mexique, avant de se diriger le lendemain à Santa Fe. Le camping est bien situé sur une colline rocailleuse, mais boisée : un beau paysage montagneux devant notre emplacement. On ne sent pas la présence de l’autoroute 25, juste de l’autre coté de la colline.

Quelques jours plus tard, nous apprenons qu’il n’est pas rare d’y croiser des serpents à sonnettes ; puis, on nous informe par la suite qu’il n’y a plus d’eau au camping de Las Vegas. Nous comprenons alors pourquoi, bien que le camping soit bien entretenu, l’état des douches et des toilettes laisse néanmoins à désirer. Et je ne regrette pas d’avoir été prudent ; je n’y ai pas risqué de m’aventurer dans les sentiers environnants.

Camping - KOA Las Vegas NM
Au camping KOA de Las Vegas, Nouveau Mexique, perché sur un colline rocailleuse devant un paysage montagneux semi-désertique, enchanteur.


Pueblo, Colorado – le 25 juin 2016

Il n’y a qu’une heure et demi de route entre Las Vegas NM et Santa Fe. Nous nous arrêtons au Parc national historique de Pecos avant de nous diriger vers la capitale du Nouveau-Mexique, au pied des montagnes Sangre de Cristo. Nous y séjournons une dizaine de jours, avant de reprendre la route vers la nord… direction Laramie, Wyoming.

Un arrêt de quelques heures à Trinidad, Colorado — un lunch délicieux avant une visite du musée d’histoire locale — la Piste de Santa Fe, la découverte de métal, notamment le charbon, le développement de la ville, les luttes syndicales…

Halte d’une nuit, environ à mi-chemin, en bordure la I-25, près de Pueblo, Colorado. Il fait déjà moins chaud qu’à Santa Fe.

Conversation intéressante avec mon voisin de camping, qui est originaire de la région, mais qui vit aujourd’hui la moitié de l’année à Taos NM et l’autre moitié à Talahasse Floride.

Diane - Camping de South Pueblo
On peut entrevoir un camion sur l’autoroute I-25, en arrière-plan. L’hôtesse vous souhaite la bienvenue à la porte de son domicile sur roue.


Cheyenne, Wyoming – les 29 et 30 juillet 2016

De Pueblo, on roule vers le nord ; on traverse Denver, sans s’arrêter. On poursuit sur la I-25 jusqu’à Fort Collins. On s’engage ensuite sur la US 287, qui longe, pendant quelques instants, la rivière Cache la Poudre, un affluent de la South Platte.

On se retrouve dans les contreforts des Rocheuses ; en quelques minutes, on s’élève jusqu’à plus de 8 500 mètres avant de redescendre à Laramie. Une nuit, une journée à visiter Laramie, puis on file vers la capitale du Wyoming, Cheyenne.

Visite du Jardin botanique le matin ; lunch ; on entre, par curiosité, au Boot Barn, anciennement le magasin phare des jeans Wrangler ( achat d’une paire de jeans et d’un manteau d’hiver, en vente – une véritable aubaine ), suivie d’une visite au Cowgirls of the West Museum en après-midi, puis on se dirige vers le KOA de Cheyenne, à quelques km à l’ouest en bordure de la I-80.

Une deuxième nuit ; une journée complète immergé dans l’univers de l’épopée des trains dans l’Ouest américain ; lunch à l’Albany, à côté de l’ancienne gare de la Union Pacific. Vers la fin de la journée, on subit un orage, une véritable douche. Puis le temps se dégage pour la nuit.

Camping - Cheyenne
Au KOA de Cheyenne Wyoming : des installations minimales, mais un accueil chaleureux. La tempête passe au sud… au-delà de la I-80…

Cheyenne - camping koa

Le lendemain, on entreprend la traversée du Nebraska.

In God We Trust

Il est impossible de cheminer sur les routes sans constater à quel point la religion est omniprésente dans la société américaine. Le sentiment religieux s’affiche littéralement partout dans le paysage.

On vous incite à la vertu ; on vous rappelle qu’il sera trop tard lorsque vous sonnerez à la porte du paradis ; et on souligne surtout que c’est Jésus qui est l’unique réponse aux écarts moraux qui affligent le pays.

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Citation au bas de l’affiche : « Quand les justes gouvernent, le peuple est en liesse ; quand les mauvais dominent, le peuple gémit. ( Proverbes 29, 2 ) » Traduction tirée de la version de la Bible de Jérusalem

Bien qu’un Américain sur cinq déclarent ne pas avoir de religion et qu’un grand nombre de croyants pratiquent peu, le sentiment religieux demeure une arcane importante dans tous les domaines de la vie sociale et politique américaine.

Dans son discours à la convention démocrate il y a quelques jours, Hillary Clinton a fait allusion à la devise du pays : E pluribus unum ( De plusieurs, nous faisons qu’un ). Hors, ce n’est pas la devise officielle du pays ; c’est plutôt In God We Trust ( En Dieu nous croyons ), et  cette devise est d’ailleurs présente sur tous les billets de banque américains.

Il faut bien comprendre l’origine et le contexte au sein duquel cette devise a été adoptée il y a un demi-siècle. La constitution américaine a institué une séparation claire entre les Églises et l’État. Il ne s’agit pas de laïcité, mais bien plutôt d’une neutralité à l’égard de toutes les confessions religieuses.

Il y a certes un sentiment de méfiance à l’égard des Musulmans au sein de la société. Toutefois, même si on se questionne sur l’expression de certaines formes de croyances, on ne remet pas en question le principe même de la tolérance religieuse.

Rappel, sur le bord d’une autoroute I-80, au centre du pays : le seul chemin vers la vérité et le salut

Les Américains pourraient élire une femme à la présidence de leur pays. Mais je doute qu’un non-croyant pourrait être élu pour diriger le pays. Des études sociologiques démontrent qu’on se méfie toujours des non-croyants dans toutes les sphères de la société américaine.

Madame Clinton n’a pas manqué de souligner ses racines familiales et les enseignements inspirés des principes de la religion méthodiste que pratiquait sa mère. Elle a aussi dit que sa mère lui avait enseigné qu’il faut tenir tête aux brutes et aux harceleurs. Elle voulait montré qu’elle peut être ferme, et agressive si les circonstances l’imposent.

Je n’ai pas été surpris de lire ce matin dans le New York Times que des employés du Parti démocrate aient envisagé l’opportunité de suggérer à des journalistes d’interroger Bernie Sanders sur ses croyances religieuses, en sous-entendant que celui-ci serait incroyant.

La campagne électorale américaine a été virulente entre les candidats au sein des deux partis au cours des primaires. Imaginons ce que ce sera au cours des mois à venir. Les sentiments voleront bas… l’esprit ne sera pas très « chrétien », comme on le dit chez-nous.

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Quelques témoignages sur l’élection américaine

Piste de Santa Fe - Independence MI
Independence, Missouri

Je reviens d’un séjour de neuf semaines aux États-Unis ;  en mai, juin et au début du mois de juillet, dans toutes les régions que nous avons visitées, de la Pennsylvanie au Nouveau-Mexique, en passant par le Kansas et le Michigan, je me suis entretenu avec des Américains. J’ai aussi observé les traces visibles de la campagne électorale… notamment, j’ai constaté la présence des nombreuses affiches que les partisans de « Bernie » ( Sanders ) ont parsemées,  partout, dans les fenêtres, sur des parterres devant les maisons, sur les pare-chocs des automobiles, etc… quelques affiches de soutien à Trump, moins d’une demi-douzaine en tout, mais pas une seule affiche en faveur de Hillary Clinton.

Ce n’est pas en journaliste, mais bien en touriste que j’ai visité les États Unis au cours du printemps. Je ne me suis pas promené dans une quinzaine d’états en cherchant à rencontrer des porte-parole officiels des partis politiques, ou des spécialistes qui font métier d’analyser l’évolution de la société américaine. J’ai plutôt croisé des citoyens ordinaires, dans des campings et des restaurants, des sites touristiques, des commerces.

Lorsque je sentais que le contexte le permettait, j’ai pris l’initiative de soulever le sujet de la campagne électorale au cours de conversations. À quelques occasions, ce qui m’a surpris d’ailleurs, ce sont eux qui ont abordé la question.

Depuis deux décennies, j’ai effectué plusieurs séjours chez nos voisins du Sud, parfois pour des raisons professionnelles, parfois pour visiter le pays à titre personnel. Ce printemps, pour la première fois, j’ai perçu que les Américains étaient véritablement intéressés à connaître l’opinion d’étrangers sur « leurs » affaires, sur « leurs » enjeux sociaux, économiques, politiques, électoraux. Je les ai sentis soucieux de la perception que nous avons d’eux.

À chaque occasion, j’ai cherché à connaître comment ils percevaient leur situation politique. Je ne leur ai jamais demandé s’ils étaient partisans d’un parti plutôt que de l’autre : je leur ai toujours demandé lequel des candidats, à leur avis, était le plus susceptible d’être élu. Je tentais, autant que possible, de ne pas orienter leurs réponses. Ce qui m’a le plus surpris, c’est à quel point ils sont désemparés, souvent désabusés, tant chez ceux qui me semblaient être de tendance conservatrice que ceux qui semblaient être plutôt d’orientation progressiste.

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