Lendemain de tempête

Toute la journée, pendant que des bourrasques occasionnelles saupoudraient toujours nos trottoirs, on ne parlait que de la tempête et de la catastrophe qui, heureusement, ne s’est pas transformée en tragédie humaine. Plusieurs centaines de personnes sont demeurées coincées dans leur véhicule, pendant toute la nuit, sur une autoroute, en pleine ville… Avec la surveillance, constante, de toutes les caméras, partout en ville… l’omniprésence de réseaux de communication téléphonique, alors que dès la fin de la soirée, toutes les stations de radio et de télévision rapportaient que l’autoroute était devenue un stationnement… comment les ministres responsables des transports publics et de la sécurité civile ont-ils pu dormir, et n’apprendre ce qui s’est passé qu’à leur réveil ce matin ?

Cette tempête nous a révélé l’ampleur de l’incompétence de ceux qui nous dirigent et pourtant, personne ne veut reconnaître que nous l’avons avons élu ce gouvernement… et que ceux qui l’ont porté au pouvoir l’ont fait, malgré sa faiblesse, malgré la corruption, parce qu’on préfère le conserver en place de peur de devenir souverain.

Entretemps, je me console en me promenant dans les rues et ruelles de ma ville en contemplant ses paysages urbains sous un manteau blanc… Les météorologues nous rappellent que le printemps arrivera bientôt… lundi prochain nous dit-on…

 

 

 

 

en attendant le printemps…

prêt pour l'été

Flânant dans les hivers de mon enfance…

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Il fait froid depuis quelques jours à Montréal, et les météorologues prévoient que cette vague de froid durera encore deux semaines.

Je ne me plains pas du froid, tout au contraire…

Bien que je vieillisse, j’aime toujours l’hiver…Et c’est en rêvassant que je traverse les parcs de ma ville.

en-traversant-le-parc-laurier

De vieux souvenirs surgissent souvent lorsque, flânant dans les parcs de la ville, j’entends le claquement sec d’une rondelle de hockey qui va rebondir au loin sur les bandes d’une patinoire. Regarder des plus ou moins jeunes qui jouent au hockey ravivent des sensations de mon enfance… alors que nous nous regroupions entre amis, que nous déneigions la glace si nécessaire, et que nous nous élancions sur la glace au rythme saccadé du crissement des patins… tout en se passant la rondelle les uns les autres, en l’envoyant planer ou en la frappant en direction d’un filet.

Comme la plupart des hommes de mon âge, j’ai appris à jouer au hockey en même temps que j’ai appris à patiner, vers sept ans ; j’ai pratiqué ce sport jusqu’au début de la vingtaine ; je n’étais pas des plus habiles ; je suivais le rythme plutôt que de mener le jeu, et je réussissais souvent à passer la rondelle à ceux qui comptaient les buts.

Il y a une trentaine d’années, j’ai mobilisé d’autres pères pour cerner un terrain vague dans notre voisinage afin de créer une petite patinoire pour les enfants. Nous en avions profité pour organiser, à l’occasion, des parties de hockey en soirée. Des adolescents nous y rejoignaient. Je m’étais rendu compte que j’avais perdu la forme : manque de souffle et faiblesse des genoux… c’est à cette époque que j’ai éprouvé les premières manifestations de l’inéluctable usure du temps.

Aujourd’hui, j’ai de la difficulté à me pencher pour lacer mes souliers… et mes patins.

Je me contente de rêvasser sur le bord de la patinoire…

lhiver-au-parc-laurier

croisement

mardi, 24 janvier 2017

une-tempete-dhiver-sur-mont-royal

… un temps exécrable hier sur Montréal…

et pourtant, je la souhaitais cette neige…

nos hivers changent… ce ne sont plus les hivers de mon enfance.

la journée a commencé avec une averse de pluie verglaçante, couvrant les rues et les trottoirs d’une couche de glace… j’ai clopiné glissant jusqu’à la station de métro…

puis, au cours de la matinée, la pluie s’est métamorphosée graduellement en neige… le vent s’est mis de la partie…

je prévoyais flâner un peu dans la ville, mais c’était tellement désagréable que j’ai préféré retourner chez-moi, non sans avoir, auparavant, passé au restaurant-café Saint-Viateur Bagel… La soupe du jour, bœuf et orge, était très bonne, et le sandwich-bagel à la viande fumée, excellent, comme on s’y attend dans cet établissement.

un jeune homme s’est installé à la table devant la vitrine… j’avais déposé ma caméra sur la table…

nous avons entamé une conversation sur la photo… le temps d’avaler un sandwich et une soupe, il m’a raconté qu’il voyage, qu’il observe la rue avec son appareil de photo analogique, qu’il trouve que c’est cher la photo en analogique et qu’il songe à passer au numérique…

je lui ai décrit mon cheminement personnel de photographe amateur.. une tranche de vie en quelques mots…

quelques mots au hasard d’un croisement et chacun a repris son chemin…

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Une flânerie sur Notre-Dame

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La rue Atwater, à la croisée de Notre-Dame – 8 juin 2013

Depuis trois ans, j’arpente ma ville, celle que j’ai adoptée pour y vivre le reste de ma vie, Montréal.

Tout comme je l’ai fait partout où j’ai vécu depuis l’enfance et l’adolescence, je flâne dans la ville pendant de longues heures, à toutes les saisons. J’apprends à reconnaître des repères, le long de ses rues et ses ruelles. Je musarde dans ses parcs. Je lorgne toutes les coutures de ma ville, je la reluque, je la toise. Je cherche à découvrir les replis de son âme, à capter ses humeurs ; je me l’apprivoise.

Il y a deux ans, j’ai marché le long de la rue Notre-Dame, une des plus vieilles rues de Montréal, depuis le Marché Atwater jusqu’au Carré Viger — une promenade d’environ cinq kilomètres. À l’époque, je ne connaissais de ce parcours que son tracé dans le Vieux Montréal. Tout ce que je savais, c’est que c’était une des premières rues de Ville-Marie et, qu’avec le temps, on l’avait prolongée au-delà de ses murs, vers l’est et vers l’ouest.

Je ne connaissais rien, je ne connais toujours pas grand chose de l’histoire des quartiers que j’ai traversés, ce jour-là, au début du mois de juin : la Petite-Bourgogne, Griffintown, le Vieux-Montréal.

Je prenais mentalement note de l’apparence des édifices, tout en m’interrogeant sur ce que ces structures pouvaient me laisser deviner de leur histoire, de leur vécu. Je scrutais les rues transversales, pour entrevoir ce qu’elles pouvaient me révéler sur leur état.

Je me souvenais des mouvements de contestation qui s’étaient manifestés lorsque l’administration municipale avait amorcé des projets de « rénovation urbaine » dans ces secteurs au cours des années 1960-70.

Notre-Dame et Saint-Martin, dans la Petite-Bourgogne -- 8 juin 2013
Notre-Dame et Saint-Martin, dans la Petite-Bourgogne — 8 juin 2013

Le souvenir de ces événements attisaient ma curiosité. J’ai remarqué qu’on achevait ou qu’on était en train de construire ce qui m’apparaissait comme étant des développements relativement récents. On pouvait entrevoir, à chaque croisée des rues, des projets de nouveaux condos : des pancartes annonçaient que certaines unités étaient déjà en vente, tandis que d’autres étaient en phase de construction — phases 1, 2, 3…

Par ailleurs, sur la rue Notre-Dame même, il reste peu de terrains vagues. Toutefois, il me semblait que la série d’antiquaires, de restaurants, et d’autres commerces variés ne pouvaient pas être fréquentés par les « héritiers » des résidents qui demeuraient dans ces quartiers il y a encore une génération.

Il n’y avait pas beaucoup de gens sur la rue en cette fin d’après-midi, un samedi, alors que les nuages couvraient la ville comme une gigantesque boîte à lumière. Plus mes pas m’amenaient vers l’est, plus je ressentais une impression de vide : il se dégageait de ces scènes urbaines une allure d’espace abandonné, vacant.

Le vieux et le neuf, vus de Griffintown
Le vieux et le neuf, vus de Griffintown — 8 juin 2013

En passant les environs de l’École de technologie supérieure, j’ai présumé que c’était parce que les fantômes des quartiers d’autrefois s’étaient tus depuis longtemps. Il faut plus que de nouveaux édifices pour refaçonner une nouvelle âme des décombres des anciens. Il faut plus que de la volonté pour renaître.

Notre-Dame et McGill, là où se trouvaient les murs de la ville il y a plus de 200 ans.
La rue McGill, telle que vue du coin de Notre-Dame, là où se trouvaient les murs de la ville il y a plus de 200 ans — 8 juin 2013

Puis, rendu à la rue Berri, tout en me dirigeant vers la station de métro Berri-UQAM, je me suis rendu compte que c’était l’heure, pour moi aussi, de rentrer chez-moi, l’heure de transition entre le jour et la nuit, un samedi soir de juin.

Intérieurement, je me suis promis de revenir un jour retracer mes pas le long de ce même tracé — à une heure différente, une autre saison, dans le sens opposé. Cela reste à revoir.

Début de l’après-midi, au pied du mont Royal

Regard sur la montagne, Avenue du Mont-Royal est
La saison des terrasses est revenue sur l’avenue du Mont-Royal

J’ai cessé depuis belle lurette de me demander si Montréal est une « belle » ville. Lorsque, devant chaperonner des étrangers, je leur offre le tour du propriétaire, je suis frappé chaque fois par ses laideurs. Je côtoie à longueur d’année ses rue bordées d’immeubles qui paraissent en si piteux état qu’on craindrait qu’un vent un peu violent ne les balaie incontinent. Je connais bien ses trottoirs éventrés que j’arpente sans répit. Ses affiches criardes me proposent un anglais qui m’agresse et un presque français qui me hérisse. Certains de ces étrangers aiment Montréal au premier coup d’œil, d’autres se rebiffent. Je ne m’en offusque plus et ne tente rien pour les convaincre. Le pacte que nous avons signé, Montréal et moi, interdit les interrogations trop poussées. Puisque je suis né dans cette ville, et que j’y mourrai très probablement, je l’accepte en bloc.

Gilles Archambault, Puisqu’il faut naître quelque part, dans Montréal des écrivain, 1988

Heureux que le printemps soit arrivé

Le début du printemps au Parc Lafontaine nb
En se chauffant la couenne sur le bord de l’étang du Parc Lafontaine

Heureux d’un printemps qui m’chauffe la couenne

Triste d’avoir encore une fois manqué un hiver

J’peux pas faire autrement ça m’fait d’la peine

On vit rien qu’au printemps l’printemps dure pas longtemps

Paul Piché, Heureux d’un printemps

 

Chronique d’une promenade hivernale

J’ai dérangé les chats en passant dans la ruelle

Il fait beau ces jours-ci à Montréal.

Les journées s’allongent. La température est froide, mais agréable.

Ce matin, j’ai entendu des corneilles annoncer que l’hiver basculera bientôt vers le printemps.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de tempêtes de neige, ni d’abondantes averses ou bordées de neige. Les plus vieux d’entre nous se souviennent que mars nous a déjà souvent réservé des surprises… le cas échéant, à cette occasion, le temps s’arrête, le silence impose la sérénité, on se replie dans la chaleur des foyers pour une dernière fois…

En attendant, on profite des belles journées de février

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Stationnements

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Détroit, stationnement du Detroit Institute of Art — 3 juin 2011

Chaque année, à la fin du mois de mai, le Club de photo polarisé de l’Outaouais organise une activité photographique pour la saison estivale. Les membres qui le souhaitent inscrivent le sujet d’un thème sur un bout de papier, qu’ils déposent dans un chapeau. Chacun pige ensuite un des bouts de papier, en prend connaissance, accepte ou non le sujet inscrit… La dernière fois que j’ai participé à cette activité, il y a trois ans, j’ai pigé le sujet suivant : stationnements.

À première vue, ce n’est pas très inspirant. Puis…, j’ai allumé… Nous partions, ma conjointe et moi, quelques jours plus tard, pour une longue randonnée à travers l’Amérique. Je me suis dit intérieurement : quel beau défi ! J’ai conservé le petit bout de papier dans mes poches tout au long du voyage : 68 jours, 14 500 km…

Voici le reportage-photos que j’ai présenté au Club de photo, à mon retour, à la fin de l’été.

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Ces écritures imaginées …

Trou de mémoire

Depuis quelques jours, je poursuis, au rythme de la lenteur, ma lecture des Chroniques d’Hector Fabre. C’est un véritable plaisir de lire Fabre, un écrivain « … qui ne cesse de manier un humour délicat », selon le critique du Devoir ; il a offert à ses lecteurs une prose légère, souvent ironique, narquoise, moqueuse, nullement comparable à celle de ses contemporains, Louis Fréchette ou Arthur Buies, pour n’en nommer que deux …

Ce matin, le passage suivant capte mon attention ( page 146 de l’édition de 2007 – lien ci-haut ) :

Le journaliste arrive à son bureau. Installé dans son fauteuil, il se demande sur quoi il va écrire aujourd’hui. Pas le moindre sujet d’article. C’est en vain qu’il repasse en sa mémoire les vieux thèmes sur lesquels il a tant de fois brodé d’étincelantes variations : la verve tarde à s’allumer.

Quel écrivain, surtout un chroniqueur (ou un journaliste tourmenté par un implacable échéancier), ne s’est pas retrouvé, à plus d’une reprise, angoissé devant une feuille blanche de papier ?

De toute évidence, et bien qu’il suggère le contraire, Fabre ne se complait pas longtemps devant une page blanche.

Fin créateur, il libère les cellules du cerveau et laisse les idées s’envoler dans sa conscience pour saisir, tel un chasseur de papillons expérimenté, la première qui virevolte à la portée de son filet. Il reconnaît toutefois, vaciller quelques instants, à tenter de se remémorer ces « vieux thèmes », comme il les qualifient, qui se sont dissipés dans les limbes de ses flâneries.

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