Si j’étais Américain…

Si j’étais Américain, j’irais annuler mon vote aujourd’hui.

Quel que soit le résultat des élections américaines aujourd’hui, que ce soit Trump ou Clinton, et lequel des deux principaux partis, des Républicains ou des Démocrates, contrôlera le Sénat et la Chambre des représentants, les Américains se retrouveront dans une situation instable. Les scénarios de l’avenir qui en découlera, tels qu’évoqués par les observateurs, tant de l’intérieur que de l’extérieur, sont nombreux et contradictoires. Aucun, toutefois, ne prévoit une résolution des aspirations et des volontés conflictuelles entre les diverses composantes des États de moins en moins unis.

Ceux qui y trouveront leur compte seront en minorité. La grande majorité de ceux qui auront voté l’auront fait non pas en faveur d’un candidat, d’un parti, d’une option, mais plutôt contre l’autre candidat, l’autre parti, l’autre option. Beaucoup de partisans républicains auront voté non pas pour Trump, mais contre Clinton, et inversement, un grand nombre de partisans démocrates iront voter contre Trump et non pas pour Clinton. Environ quinze pour cent de l’électorat voteront pour deux partis minoritaires, les Libertariens ou les Verts.

Au cours de ma virée à travers le Mid-Ouest et le Sud-Ouest américain au printemps dernier, j’ai sondé, de manière informelle, les Américains : la majorité des personnes avec lesquelles je me suis entretenu étaient indécises, désemparées incapables de se brancher, profondément inquiètes, découragées même. Les uns étaient incapables de s’imaginer Trump au pouvoir, tout en ne pouvant pas se convaincre de voter pour Clinton… et vice versa.

À plusieurs reprises, tant des partisans démocrates que républicains ont évoqué les noms de leaders du passé, Lincoln, Roosevelt, Kennedy, voire Reagan, qui avaient guidé le pays à travers des temps difficiles. On ne parvenait pas à s’expliquer pourquoi des candidats de valeur aient été incapables de se démarquer, de s’imposer au sein des deux grands partis, afin de les inspirer, leur proposer une façon de sortir de ce qu’ils considèrent comme une impasse. Ils s’interrogeaient sur les déficiences de leur système politique :  comment en étaient-ils arrivés là où ils se trouvaient ?

Poursuivre votre lecture

Qui prend pays, prend parti

L’observateur des scènes politiques canadienne et québécoise que je suis depuis presque un demi-siècle n’a pu qu’admirer comment le  Parti libéral du Canada a louvoyé entre tous les écueils tout au long de la campagne électorale qui se termine lundi prochain. Le parti, aujourd’hui dirigé par le fils de l’ancien premier ministre, Pierre Trudeau, semble avoir retrouvé la superbe qu’il avait perdue il y a plus d’une décennie, arrogance comprise. Ce n’est qu’à la toute fin que le naturel, revenant au galop, finit par transpirer.

On peut reconnaître l’habileté stratégique des bonzes qui gouvernent un parti politique ; cela ne veut pas dire qu’on reconnaisse la validité du message ou qu’on accepte de leur accorder sa confiance. Quelle qu’ait été l’évolution de la campagne, je demeure convaincu que le changement que les deux principaux partis d’opposition prétendent incarner n’est que superficiel. Je l’ai exprimé au début de la campagne électorale et rien de ce qui est survenu depuis lors ne me porte à modifier mon analyse de la conjoncture politique canadienne.

poursuivre votre lecture