


Vendredi le 27, je me suis installé, comme la semaine précédente, sous le même grand chêne, sur le bord du Ruisseau fleuri.
Ce n’est pas tous les jours qu’il nous est donné de se promener au milieu d’un chef d’œuvre. Au Jardin botanique, il y a des jardiniers qui sont de véritables artistes. Composant des agencements harmonieux de formes et de textures végétales, ils sculptent de véritables installations animées, des tableaux en trois dimensions, qui changent selon les heures de la journée et selon les humeurs du temps, selon les semaines, les saisons, tout au long de l’année.
Cette fois, je me suis senti bien piètre alchimiste du verbe en tentant de décrire une partie du chef d’œuvre devant et tout autour de moi. Je me suis heurté au mur de mon ignorance de la botanique. Je connais peu les noms des plantes et des arbres ; le vocabulaire me manque pour décrire les fleurs, les herbes et les feuilles, leurs formes, les nuances de toutes leurs couleurs…
J’avais déjà griffonné quelques esquisses vendredi dernier. Dimanche, je suis revenu auprès des plates-bandes pour y lire les petites plaquettes d’identification des plantes et j’ai pris des notes ; au cours des jours suivants, j’ai poursuivi mes recherches et j’ai consulté mon exemplaire de la Flore laurentienne…
J’ai devant moi un tableau d’ombres et de lumière. Tout est calme, tout juste un souffle pour animer le paysage. Il ne fait pas encore chaud.
À gauche, le gigantesque triangle ombragé d’un cèdre, et à droite, le tronc rectiligne de mon grand chêne encadrent un arrière-plan composé d’un écran vert d’épinettes, d’ormes, de frênes et de pins noirs.
Au sol, à l’avant-plan, de minuscules libellules batifolent parmi parmi les astilbes qui tardent à éclore. Les pivoines commencent à s’étioler pour faire place aux hémérocalles.
Le ruisseau fleuri serpente de droite vers la gauche, invisible, entre les masses translucides des roseaux et les ombrelles de grandes herbes, des campanules, et des crocosmies, qui baignent dans la lumière du matin.
Un sentier gazonné dirige l’œil sous les arches du cerisier au-delà du petit pont jusqu’au tunnel qui perce l’écran végétal des arbres. Là-bas, tout au loin, une boule hallucinante de lumière jaune se détache entre les colonnes des arbres, et aspire le regard vers le jardin alpin.
Mes recherches préparatoires à notre traversée de l’Amérique à l’été 2011, m’avaient laisser comprendre qu’il faudrait plusieurs journées pour faire le tour de la ville d’Omaha. Les contraintes que nous imposait notre itinéraire ne nous permettaient pas d’y rester plus de deux jours. Il fallait donc choisir. La journée s’annonçait ensoleillée et chaude au début de cette deuxième journée : une excellente journée pour aller faire de la photo au jardin botanique.
Le Lauritzen Gardens est un jardin récent. On y célébrait le dixième anniversaire lorsque nous nous y sommes promenés. C’est donc une œuvre inachevée, en devenir.
Il y avait un peu de vent ce jour-là. Difficile de faire de la photographie en plan rapproché à main levée, mais tout de même possible.