
Il est paradoxal qu’en cette ère où on valorise tant l’individualisme, la distinction, la différence, la liberté individuelle, on insiste tout autant à se maintenir dans le courant. Ne serait-ce pas qu’on se berce, en réalité, dans une illusion, dans une apparence de la singularité ?
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8 janvier 2014
Les idées languissent rarement dans l’air du temps. Nos cerveaux sont des capteurs d’idées, comme les voiles poussées par les vents. Je lève mon doigt pour jauger les courants de l’air du temps : sont-ils humides ou secs, chauds ou froids, dans quelle direction se pointent-ils ?
Il y a quelques jours, j’entends quelqu’un ( à la radio, à la tv, dans une réunion, que sais-je !? ) exprimer une idée que je croyais mienne. Je me rends compte qu’il s’agissait en réalité d’une idée qui était dans « l’air du temps ». Se pouvait-il que j’avais fait mienne une idée qui avait été exprimée, sous une autre forme, par d’autres qui, eux-mêmes, l’avaient aussi reprise dans « l’air du temps » ?
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15 janvier 2014
Ce qui m’étonne, c’est de constater à quel point nous sommes nombreux à vouloir nous exprimer par l’écriture : histoires, histoires de vie, autobiographies, journaux, récits de vie, récits de voyage. On publie des guides pour rédiger nos histoires de vie. J’ai aperçu des affiches collées sur les poteaux de fils électriques et de téléphone, annonçant des ateliers d’écriture ; on pouvait tirer une languette, avec un numéro de téléphone, pour obtenir plus de renseignements…
Le vaste monde de l’Internet permet à un grand nombre, une communauté dont je fais partie, de « publier », de « se » rendre public, de rendre public ce qui autrefois serait demeuré inconnu — des manuscrits perdus, puis oubliés dans un tiroir ; retrouvés plus tard, peut-être, puis éliminés à un moment donné, sans jamais avoir connu un public lecteur ; à l’instar de ce journal peut-être, qui sait ?
Ce vaste réseau social « virtuel » qui élimine les frontières, nous permet de nous rassembler, de partager nos préoccupations, nos questionnements, nos ruminations ; l’isolement, toutefois, ne se dissipe pas complètement.
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Entendu dans un endroit public :
– Facebook … ?!?
– Je n’existe pas là !
Facebook est un lieu, un espace physique !!!
Retranscrit de mon journal personnel