De la démesure

Dès la fin de l’avant-midi de la première journée de travail de l’année, avant leur lunch, les grands patrons des plus grandes compagnies canadiennes auront empoché autant d’argent que ce que les salariés canadiens gagneront en moyenne au cours de toute l’année. C’est ce que nous révèle un tableau publié par le Centre canadien de politique alternative. Depuis plus de trois décennies, cet écart de revenus entre les plus riches et le salarié moyen s’accentue non seulement au Canada, mais un peu partout dans le monde occidental.

On peine à comprendre ce qui justifie cette évolution au sein de notre société.

Qu’est-ce qui peut bien motiver quelqu’un à vouloir accumuler autant de richesse, beaucoup plus d’argent qu’il est nécessaire pour vivre confortablement, aujourd’hui et demain, jusqu’au dernier jour de sa vie ? sinon que la démesure, ce que les Grecs de l’Antiquité appelaient hybris ?

En interrogeant les spécialistes, on obtient une grand variété de réponses, plus ou moins complexes, tout aussi valables les unes que les autres. Le politicologue nous éclairera sur les aspects politiques de la question ; certains économistes ajouteront que ce sont les lois et les forces des marchés qui expliquent cette tendance, tandis que d’autres attireront notre attention sur les politiques fiscales et la tendance à la financiarisation de l’économie dans un contexte de mondialisation.

Mais, approfondissons un peu plus. En débroussaillant le tout, ne peut-on pas se poser la question suivante : l’état de crise que nous subissons depuis des années n’est-il pas, fondamentalement, de nature morale ?

Une colère qui ne dérougit pas
Une colère qui ne dérougit pas

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Réduire la croissance …

Il y a 150 ans, un glacier couvrait tout l’espace de stationnement du Champ de glace de Columbia, dans le Parc national de Banff en Alberta. Photo prise le 21 juillet 2011.

Depuis quarante ans, j’ai conservé et je maintiens toujours des archives personnelles, constituées d’une grande variété de documents publics, des études et des rapports de toutes sortes, ainsi que des coupures d’articles de journaux et de revues sur des sujets d’actualité. Il y a deux ans, lorsque j’ai déménagé à Montréal, j’ai dû faire le ménage dans mes « affaires ». Je me suis débarrassé de la majorité de ces documents, non sans avoir pris des notes sur certains d’entre eux.

Voici un extrait d’une de ces notes.

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Le gaz carbonique : polluant majeur de l’atmosphère, un article publié dans la revue scientifique française La Recherche, no. 91, juillet-août 1978, pages 696-697.

L’auteur rapporte qu’on observe une augmentation du niveau de gaz carbonique dans l’atmosphère tout au long du siècle précédent.  Il fait état de recherches sur l’apport de la déforestation intensive (dû au développement agricole) qui s’ajoute à la combustion de ressources fossiles. Les océanographes s’interrogent sur la capacité des océans à absorber l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Il en arrive à la conclusion que les spécialistes prédisent que « si la production anthropogénique se maintient … le taux de CO2 de l’atmosphère aura doublé vers l’an 2020 … Le résultat en est une diminution de la sursaturation en calcite des eaux de mer superficielles, occasionnant une difficulté plus grande pour les organismes marins à former leur coquille. »

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Vous avez bien lu : la date de publication de cet article dans une revue scientifique sérieuse … 1978, il y a 35 ans …

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Un point de vue à ras-de-terre sur l’économie américaine

Omaha (3)

Les 14 et 15 juin 2011 (Jours 16 et 17)

Après le lunch, nous nous levions de table, ma conjointe et moi, prêts à poursuivre notre visite du Jardin Lauritzen, lorsque deux dames se présentèrent à notre table.

C’était des Françaises, d’un certain âge… c’est-à-dire, du même âge que nous, voire quelques années de plus que nous, selon les indices qu’on pouvait glaner de la conversation qui suivit l’introduction ; elles nous avaient écoutés à distance, discrètement ; elles avaient reconnu notre accent québécois. Nous étions, tout comme elles, heureux d’entamer une conversation en français, au cours de notre troisième semaine de voyage.

Elles ne voyageaient pas ; elles étaient établies à Omaha depuis quelques années ; elles fréquentaient régulièrement le Jardin Lauritzen. À un moment donné, curieux, je n’ai pas pu résister : comment deux Françaises s’étaient-elles retrouvées à Omaha et qu’y faisaient-elles, outre que de fréquenter un jardin public, par un bel après-midi ensoleillé, au milieu de la semaine ?

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