Époque de transition

L'ancien et le nouveau à Griffintown
L’ancien et le nouveau à Griffintown (Coin Montfort et Saint-Paul O., entre l’édifice de la National Brewery et le projet de condos Lowney 5-6-7 )

Demandez à vos grands-parents qui voguent dans les eaux de la soixantaine sous pavillon neutre, comment on flânait autrefois, plus gaiement, plus familièrement qu’aujourd’hui. La ville n’avait alors qu’une rue, la rue Notre-Dame ; il y avait une rivière rue Craig ; on allait à la chasse rue Sherbrooke ; il fallait être armé jusqu’aux dents pour se risquer vers le Beaver Hall. L’été, on faisait des parties de canot, de la Place Viger au Griffintown ; on pouvait pêcher à la ligne Place-à-Foin.

Hector Fabre, La vieille rue Notre-Dame ( Montréal, 1er mai 1862 )

Notre génération appartenait à l’époque de transition entre le Canada ancien et le Canada nouveau. Nous avons connu le vieux Montréal, celui que nous avaient légué nos pères, avec une physionomie qui se modifiait lentement et imperceptiblement par l’action d’un progrès mesuré et longuement prévu… D’un côté nous tenions aux fusils à pierre, de l’autre nous chargions par la culasse.

Arthur Buies, Réminiscences, Les jeunes barbares, 1892

Rue Eleonor, vue de la rue Ottawa, Griffintown
Rue Eleonor, vue de la rue Ottawa, Griffintown

Début de l’après-midi, au pied du mont Royal

Regard sur la montagne, Avenue du Mont-Royal est
La saison des terrasses est revenue sur l’avenue du Mont-Royal

J’ai cessé depuis belle lurette de me demander si Montréal est une « belle » ville. Lorsque, devant chaperonner des étrangers, je leur offre le tour du propriétaire, je suis frappé chaque fois par ses laideurs. Je côtoie à longueur d’année ses rue bordées d’immeubles qui paraissent en si piteux état qu’on craindrait qu’un vent un peu violent ne les balaie incontinent. Je connais bien ses trottoirs éventrés que j’arpente sans répit. Ses affiches criardes me proposent un anglais qui m’agresse et un presque français qui me hérisse. Certains de ces étrangers aiment Montréal au premier coup d’œil, d’autres se rebiffent. Je ne m’en offusque plus et ne tente rien pour les convaincre. Le pacte que nous avons signé, Montréal et moi, interdit les interrogations trop poussées. Puisque je suis né dans cette ville, et que j’y mourrai très probablement, je l’accepte en bloc.

Gilles Archambault, Puisqu’il faut naître quelque part, dans Montréal des écrivain, 1988

Midi dans le parc

Parc Laurier
Parc Laurier

Ma ville est multiple. Je ne sais pas mettre de clôtures entre les quartiers, les parkings étalés du centre-ville. La tentation des terrasses est permanente. Je ne sais pas choisir entre les parcs, les cinémas, les façades anciennes, la saleté et les restos chic. Je sais seulement marcher entre les saisons, la tête haute, le regard neuf comme si Montréal était une aventure toujours à recommencer.

Ma ville est une grande carte géographique où j’aime à pointer du doigt l’enfance, le désir et la littérature comme des repères intimes.

Nicole Brossard, Aura d’une ville, dans Montréal des écrivains, 1988

Panne sèche

Les neurones fonctionnaient en mode ralenti ce matin-là, il y a quelques semaines, lorsque je suis parti, tôt le matin, pour me rendre à ma session hebdomadaire de tai chi taoïste.

Le regard absent...
Le regard absent devant la fenêtre…

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Images de Rosemont — La Petite Patrie

Bellechasse et Saint-Laurent
Rue Bellechasse, coin Saint-Laurent

Il y a trois ans, j’ai quitté la région de la capitale fédérale, où je suis né et où j’ai vécu presque toute ma vie adulte. Au début de la retraite, j’ai déménagé mes pénates à Montréal. J’ai quitté une région que je connaissais très bien, à tous points de vue, pour me lancer à l’aventure dans un univers qui, bien qu’il ne m’était pas étranger, n’en demeurait pas moins très différent.

J’ai choisi de m’installer dans l’est de la ville, dans l’arrondissement de Rosemont — Petite-Patrie. Je cherchais un milieu au sein duquel je me sentirais chez-moi. Je ne me suis pas trompé.

Néanmoins, c’est tout un défi que d’adopter une nouvelle ville, surtout une ville aussi diversifiée et complexe que Montréal ; une ville qui évolue rapidement.

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Chronique d’une promenade hivernale

J’ai dérangé les chats en passant dans la ruelle

Il fait beau ces jours-ci à Montréal.

Les journées s’allongent. La température est froide, mais agréable.

Ce matin, j’ai entendu des corneilles annoncer que l’hiver basculera bientôt vers le printemps.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de tempêtes de neige, ni d’abondantes averses ou bordées de neige. Les plus vieux d’entre nous se souviennent que mars nous a déjà souvent réservé des surprises… le cas échéant, à cette occasion, le temps s’arrête, le silence impose la sérénité, on se replie dans la chaleur des foyers pour une dernière fois…

En attendant, on profite des belles journées de février

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