
Il fait beau ces jours-ci à Montréal.
Les journées s’allongent. La température est froide, mais agréable.
Ce matin, j’ai entendu des corneilles annoncer que l’hiver basculera bientôt vers le printemps.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de tempêtes de neige, ni d’abondantes averses ou bordées de neige. Les plus vieux d’entre nous se souviennent que mars nous a déjà souvent réservé des surprises… le cas échéant, à cette occasion, le temps s’arrête, le silence impose la sérénité, on se replie dans la chaleur des foyers pour une dernière fois…
En attendant, on profite des belles journées de février
Hier en fin de matinée, j’ai fait un long détour avant de me rendre au Collège Maisonneuve pour aller écouter un conférencier nous entretenir de divers mythes et anecdotes au sujet de la Rébellion des Patriotes (1837-1838) — le vrai et le faux drapeau des Patriotes, les ancêtres Patriotes de Madonna, la mélancolie de Julie Papineau, et autres sujets semblables…
Venant de l’est, sur la ligne verte, je débarque du Métro à la station Joliette.
Une des sorties de la station Joliette donne sur une ruelle — une de ces ruelles qui révèlent l’intimité de Montréal…
J’y entends les mésanges piailler, les chiens japper pour intimider les curieux, et les chats miauler tout en dégageant leurs phéromones ; je les dérange en passant. Un grand nombre de voitures sont toujours couvertes de plusieurs accumulations de neige : les propriétaires sont-ils partis passer l’hiver en Floride ?

Je poursuis ma promenade vers le sud en sillonnant mon chemin entre les bancs de neige qui longent les rues. La grande tour du Stade olympique domine le quartier ; devant le parc Lalancette, je traverse la rue de Rouen pour m’engager sur l’avenue Valois en direction de la rue Ontario. Les pas crissent sur les trottoirs dégagés, mais toujours couverts d’un mince tapis de neige. Par endroit, il faut s’équilibrer en glissant sur une trace de glace cachée sous la neige.
Arrivé à la Place Valois, j’entre à la boulangerie Arhoma — on y trouve un choix de pains, de baguettes, de croissants et pâtisseries, ainsi qu’une variété de plats et sandwichs pour apporter. C’est la raison principale de mon détour, auquel s’ajoute le plaisir de perdre mon temps en me promenant pour célébrer un bel après-midi d’hiver.

Après avoir complété mes emplettes, je me dirige vers le Collège, en empruntant la rue Bourbonnière, non sans bifurquer quelques instants pour retourner fouiner le long du parc Lalancette ; c’est que la patinoire avait attiré mon attention lorsque je l’avais longée en me rendant vers la boulangerie quelques minutes plus tôt. Quelques jeunes hommes y patinaient tout en s’exerçant à manier le bâton de hockey. Je m’arrête quelques instants, pour me laisser pénétrer de très lointains souvenirs… j’envie ces jeunes hommes ; mes genoux ne me permettent plus ce genre d’exercice.

Enfin, j’interromps ma rêverie… quelques minutes plus tard, j’arrive à destination.
J’ai le temps d’avaler mon sandwich au bœuf avant la conférence. Le conférencier réussit à retenir mon attention du début à la fin. Il fait toujours clair en fin d’après-midi, au moment de retourner chez-moi.
Février coule lentement… pour nous livrer de belles journées d’hiver.