Road Trip : Michigan

Début juillet 2016 : sur la I-94, de Saint-Joseph à Détroit

Nous passons une nuit dans un camping très sympathique à quelques km du lac Michigan, l’avant-dernier camping aux États-Unis, avant de traverser la frontière canadienne, sur le chemin du retour, deux jours plus tard.

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Avant de retourner sur la route, nous flânons quelques heures dans la petite ville de Saint-Joseph, une station balnéaire sur le bord du lac Michigan. Il vente beaucoup et une bruine froide couvre la ville tôt le matin. Bien entendu, la plage est abandonnée.

Une plaque historique nous informe que le lieu a été établi par des Français, qui y ont construit un fort, aujourd’hui disparu, à l’époque de la Nouvelle-France. Le rythme de vie est lent dans le centre historique de la ville. Nous choisissons un café, où on sert de bonnes pâtisseries et du café, du vrai, de l’espresso ; de plus, on y vend des produits gourmands, des plats froids pour composer notre repas, plus tard en fin de journée.

Cette très courte visite d’un endroit que nous n’avions prévu dans notre itinéraire nous incite à caresser le projet d’un autre voyage pour l’avenir : celui de longer les rives des lacs Michigan et Huron. Entre autres, on pourrait retracer et suivre les traces des grands explorateurs français des 17è et 18è  siècles, au Minnesota, au Wisconsin, et au Michigan… Beaucoup de nos ancêtres canayens se sont établis dans ces régions, comme en témoignent les récits de Antoine Bernard ( Nos pionniers de l’Ouest, 1949 ), ainsi que Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque  ( Ils ont couru l’Amérique ).

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Le ciel se dégage au moment où, en fin de matinée, nous retournons sur l’autoroute I-94 en direction de Détroit.

C’est toujours étonnant, en filant rapidement sur la route, de contempler les paysages qui changent : quel contraste entre les contreforts des Rocheuses au Colorado et au Wyoming que nous avions laissés derrière nous moins d’une dizaine de jours plus tôt, ainsi que les grandes plaines du Nebraska, les collines ondoyantes de l’Iowa et les prairies de l’Illinois. Au Michigan, il y a plus de boisés et de terres laissées en friche – une agriculture beaucoup moins intensive. Le paysage s’urbanise de plus en plus à l’approche de Détroit.

Le paysage du Michigan est le même que celui du sud de l’Ontario, une région que je connais très bien pour l’avoir arpentée de long en large, à plusieurs reprises pendant des décennies. Beaucoup de marques de commerce nous sont toujours étrangères ; nous calculons toujours les distances en miles plutôt qu’en km ; nous utilisons toujours des dollars américains pour faire le plein d’essence ou pour payer la note dans les restaurants ; mais, le nombre accru de plaques d’immatriculation ontariennes sur la route nous indiquent que la frontière canadienne se rapproche.

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Enfin, nous arrivons à destination. Nous retournons au même camping où nous nous étions installés au début de notre première virée transcontinentale, cinq ans plus tôt, le Detroit Greenfield RV Park.

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Jours 6 et 7 : Sur les routes…

Entre Détroit et Chicago

Après avoir quitté notre camping en banlieue ouest de Détroit, nous aurions pu atteindre Chicago au cours d’une seule journée. Nous avons choisi de le faire en deux jours.

C’est un voyage au long cours que nous effectuons. Des centaines, des milliers de kilomètres — quelques milliers de « miles », puisque nous sommes aux USA. À l’automne dernier, en France, nous nous sommes rendus compte, que pour ce genre de voyage, il est important de se rythmer. Il est facile de s’épuiser si on n’y porte pas attention. La fatigue peut ruiner le plaisir, atténuer les sens… On devient impatient, on n’écoute plus, on regarde mais on voit moins, on se ferme l’esprit.

C’est pour cette raison que nous éviterons, autant que cela est possible, d’additionner les milles au cours d’une même journée : trois heures de route, si nécessaire quatre… Exceptionnellement, et parce que nous n’aurons pas le choix, il y aura des journées où nous devrons accumuler cinq heures de route ou plus. Nous nous relayons derrière le volant et nous nous offrons le luxe de pauses fréquentes.


Le paysage du Michigan ressemble à celui de la province canadienne voisine, l’Ontario, que nous connaissons très bien. Mais les aires de repos installées le long de la I-94 sont très différentes de celles parsemées le long de la 401, de la frontière du Québec jusqu’à Windsor.

Les centres de services de l’Ontario sont commerciaux. Les aires de repos du Michigan n’offrent que les services essentiels : toilettes, machines distributrices, tables de pique-nique, présentoirs de dépliants touristiques publicitaires. Elles sont bien aménagées. C’est dans ce décor très agréable que nous avons diné, dehors, sur une table de pique-nique, à l’ombre, par une belle journée ensoleillée.

Aire de repos typique du Michigan

Ce qui étonne aussi en voguant sur l’autoroute I-94 au Michigan, c’est le nombre de carcasses d’animaux morts qu’on observe sur le bord de la route : des chevreuils (cerfs de Virginie) surtout, mais aussi des animaux plus petits. Quiconque a déjà vu un chevreuil traverser la route devant soi alors que la voiture file à 100 km/h, sera partagé entre l’admiration et la peur. On est impressionné par la beauté et l’agilité de l’animal. Mais on comprend vite à quel point une collision avec un chevreuil peut être dangereuse, voire fatale autant pour l’animal que pour les personnes qui se retrouvent dans le véhicule. En Illinois qu’on a dressé des affiches sur le long des routes, pour recommander la prudence à l’égard d’animaux comme les chevreuils. Étonnamment, nous avons observé beaucoup moins de cadavres d’animaux dans les autres états.

Nous avons quitté l’autoroute I-94 afin de faire le plein d’essence. C’est à ce moment que nous avons choisi de rouler vers le sud plutôt que vers l’ouest, sur des routes secondaires moins achalandées, à deux voies qui s’opposent, en direction de l’Indiana et de notre terrain de camping tout près de Grand Bend. Nous y sommes arrivés assez tôt en après-midi. Auparavant toutefois, nous nous sommes arrêtés sur le bord de la route, pour faire une petite épicerie.

Nous y avons demandé si nous pouvions payer avec un chèque de voyage d’American Express. La gérante du magasin nous a raconté qu’elle avait utilisé des chèques de voyage lorsqu’elle avait accompagné son mari en Europe à plusieurs occasions, alors que celui-ci travaillait toujours pour IBM. « But you know, these times are over now… », a-t-elle ajouté, d’un ton nostalgique, résigné… Nous n’avons pas cherché à connaître ce que signifiait cette remarque.

Le lendemain, un dimanche, nous avons repris la route… sans nous presser : de nouveau, une autoroute, la I-90 cette fois, jusqu’à Joliet, en banlieue ouest de Chicago. Juste avant de passer de l’Indiana à l’Illinois, nous nous sommes arrêtés dans une aire de repos : un centre de service où on a le choix de fréquenter plusieurs restaurants… pas de table de pique-nique. Nous mangeons dans notre autocaravane, à côté de camions beaucoup plus gros.

Encore une fois, nous arrivons tôt au camping. Nous y passerons quatre jours avant de reprendre la route. Il fait chaud, très chaud : le thermomètre oscille entre 30 et 36 C.

On se repose… le lendemain, nous entreprenons notre visite de la ville de Chicago.