
Je me suis servi d’un outil, une caméra, pour créer une représentation d’un instant, d’un moment infiniment pointu dans le déroulement de l’univers. Je me suis ensuite servi d’un autre instrument, un ordinateur, pour simuler le traitement de cette image de ce moment qui n’existe plus… un souvenir, qui n’a rien de virtuel, puisque je ne pourrai jamais le reproduire dans la réalité.
J’aurais pu me servir d’un crayon, d’un fusain, ou d’un pinceau pour créer cette image sous la forme d’un dessin, ou d’une peinture. Je me serais ensuite servi d’un autre instrument, une machine programmée pour convertir ce dessin en langage numérique, pour pouvoir vous présenter mon souvenir de cet instant qui n’existe plus. Ce dessin n’aurait pas plus ou moins de « réalité », ou de « virtualité », que la reproduction que j’en aurais fait avec une machine à numériser — quoique mon dessin existerait matériellement, alors que sa numérisation n’existerait que médiatisée par une machine. La conversion de mon dessin en chiffres n’aurait d’existence que magnétique, quelque part sur mon ordinateur, ainsi que sur un nuage qui flotte dans un gigantesque entrepôt de serveurs quelque part dans le monde.
***
Le monde virtuel n’est qu’une simulation du réel : c’est une brillante composition de chiffres, qu’une machine actualise sur mon écran. Je peux créer une simulation d’un monde, la modifier, la partager avec le village global tout entier.
Je peux aussi néantiser l’existence même d’une simulation qu’on qualifie de réelle, sans retour… complètement. Combien de fichiers n’avons-nous pas éliminer, sans pouvoir les récupérer ?
Personne ne peut mettre le réel dans une poubelle, sinon que métaphoriquement.
Hypnose collective dans un nuage
L’imaginaire n’a pas en soi de capacité à s’actualiser…
…
Nous avons appris à considérer comme des choses les choses qui apparaissent sur nos écrans…
… nous sommes de plus en plus à l’aise avec le fait de substituer des représentations de la réalité à la réalité.
…
Nous n’avons plus le sentiment d’être projetés dans des mondes virtuels, mais plutôt de vivre avec des interfaces numériques.
Stéphane Vial,
L’être et l’écran : comment le numérique change la perception
PUF, 2013 ( pages 166 et suivantes )…
Une forme se dissout , mais une pensée peut -elle disparaitre ?
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Dans son roman The Neuromancer ( 1984 ), le créateur du terme « cyberespace », William Gibson fait dire à un de ses personnages qu’il ne peut pas lire dans les pensées de quelqu’un d’autre, que tout ce qu’il peut faire c’est d’accéder à sa mémoire.
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Deep words, and yes, I agree , although I love my computer and it allows me to stay in touch with loved ones all over the world. But yes, the virtual world is but a dream.
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Striking photos. Thank you.
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Et moi qui me suis toujours dit que nous n’existions pas vraiment…
Auquel cas, tout existerait donc absolument… virtuel ou pas…
Mais en fin de compte, qu’en sait-on réellement? -_-
Quoi qu’il en soit, merci Fernan pour ce post aussi intéressant qu’immatériel.
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