Pendant que Stendhal se promenait d’un bout à l’autre de la France et de l’Italie en touriste et que Flaubert allait se trimballer au Moyen Orient au cours de la première moitié du 19è siècle, l’Anglais Charles Dickens traversait l’océan pour aller explorer les États-Unis.
Il publia son récit de voyage, American Notes, quelques mois après son retour en Grande Bretagne. J’ai lu la traduction française de ce livre il y a trois ans. Je voulais le relire, dans le texte original.
L’unique exemplaire disponible à la Grande Bibliothèque est conservé dans la Collection nationale. Les bibliothécaires ont estimé que le livre est trop fragile pour le laisser circuler hors des murs de la Bibliothèque. La couverture est usée ; le papier, un peu jauni, est épais, sec, rigide, friable ; le livre doit être manipulé avec soin. Il n’est donc pas surprenant qu’il faille le lire sur place à la bibliothèque.
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut feuilleter un exemplaire d’un livre publié originalement il y a 175 ans. La lecture de ce livre est fascinante en ce qu’elle nous permet de constater l’évolution de ce pays, les États-Unis, que nous croyons, je spécifierais même, que nous prétendons connaître si bien.
Tant qu’à y être, bien que ce soit les papillons qui nous y attirent, nous saisissons aussi l’occasion pour aller prendre un bain de verdure, pour papillonner nous-mêmes dans toutes les serres, à travers les bonsaïs, les cactus et les succulents, les épiphytes, les mousses espagnoles, les fruits tropicaux, jusqu’aux fougères, en passant par les orchidées.
ps : n’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir
Toute la journée, pendant que des bourrasques occasionnelles saupoudraient toujours nos trottoirs, on ne parlait que de la tempête et de la catastrophe qui, heureusement, ne s’est pas transformée en tragédie humaine. Plusieurs centaines de personnes sont demeurées coincées dans leur véhicule, pendant toute la nuit, sur une autoroute, en pleine ville… Avec la surveillance, constante, de toutes les caméras, partout en ville… l’omniprésence de réseaux de communication téléphonique, alors que dès la fin de la soirée, toutes les stations de radio et de télévision rapportaient que l’autoroute était devenue un stationnement… comment les ministres responsables des transports publics et de la sécurité civile ont-ils pu dormir, et n’apprendre ce qui s’est passé qu’à leur réveil ce matin ?
Cette tempête nous a révélé l’ampleur de l’incompétence de ceux qui nous dirigent et pourtant, personne ne veut reconnaître que nous l’avons avons élu ce gouvernement… et que ceux qui l’ont porté au pouvoir l’ont fait, malgré sa faiblesse, malgré la corruption, parce qu’on préfère le conserver en place de peur de devenir souverain.
Entretemps, je me console en me promenant dans les rues et ruelles de ma ville en contemplant ses paysages urbains sous un manteau blanc… Les météorologues nous rappellent que le printemps arrivera bientôt… lundi prochain nous dit-on…
Ce matin, je ne m’attendais pas à ce que le camelot livre le journal. Un coup d’œil par la fenêtre m’indique qu’il a été fidèle, malgré la tempête qui a barouetté le pays depuis la veille.
Comme tous les matins, avant d’amorcer la préparation du déjeuner, j’ouvre donc la porte pour prendre le journal…
On ne voit qu’une partie des voitures qui circulent sur le boulevard, à quatre voies, devant chez-moi. D’ailleurs, conformément aux recommandations de toutes les autorités publiques, il n’y a pas beaucoup de circulation ce matin. La nature force la ville à ralentir… il n’y a pas d’école et, pour ceux qui le peuvent, journée de télétravail aujourd’hui.
Il y a quelques minutes, je suis allé dégager la porte de secours du bâtiment, qui donne sur la terrasse derrière chez-moi. La neige est légère, relativement sèche, quoique paquetée par le vent par endroit.
De vieux souvenirs reviennent à la surface …
***
Ce qui nous importune c’est l’instabilité du climat. Il y a tout juste trois semaines, nous avions reçu une belle chute de neige, d’un peu plus de 25 cm. Tout avait fondu dans les jours qui ont suivi. Nous n’avions même pas eu le temps d’en profiter.
Cet hiver a été frustrant sur ce plan. Un peu de neige mais beaucoup plus de pluie que de neige en janvier ; des périodes fréquentes et longues de redoux qui font fondre la neige, ponctuées par de courtes périodes de froid intense… pas moyen de profiter véritablement des avantages de la saison froide.
Les tempêtes de neige en mars ne sont pas rares. Ce qui est rare, c’est qu’elles soient aussi fortes que celle que nous avons connue depuis hier, pour ce temps-ci de l’année.
***
Je suis de cette génération qui se souvient d’une tempête, au début de mars 1971, qui nous avait confinés à l’intérieur pendant deux jours : nous nous étions retrouvés sous une couverture supplémentaire de cinquante cm de neige à la fin de l’hiver. Pour ceux qui, comme moi à l’époque, n’avaient pas d’obligations ou de contraintes professionnelles, qui ne possédaient pas de voiture et qui demeuraient à distance de marche de tout, une telle occurrence nous offrait tout simplement une pause, un arrêt dans un rythme de vie encore beaucoup plus lent que celui d’aujourd’hui, mais une pause tout de même bienvenue…
Après deux jours à l’intérieur, j’étais sorti, me rendre au petit restaurant à quelques pas de chez-moi, tenu par trois « tantes » d’un âge déjà respectable. La tempête avait transformé mon quartier, la Côte de sable, en parc silencieux, fraîchement revêtu de blanc…
l’après tempête est un parc tout blanc
trois vieilles enneigées y ont tout le temps
on entre chez les trois tantes
on y prend le temps de parler du temps
et avec le temps qui passe, deux œufs et un café
on savoure au rythme de la gentillesse ordinaire
C’est par ces imposantes pierres que les esprits très anciens qui animent ce lieu nous parlent aujourd’hui.
On imagine les efforts que ces communautés néolithiques ont consacrés pour tailler, déplacer, élever et aligner cet ensemble des mégalithes du cercle de pierre de Stenness, situé dans les Orcades au nord de l’Écosse.
L’un des plus vieux monuments de l’humanité, ces pierres de grès se tiennent à l’attention depuis plus de cinq millénaires et témoignent de cette quête d’immortalité de l’humain.
Je déambule dans mon passé… je dépouille mes archives, je ranime de vieux souvenirs, je me relis, et je redécouvre parfois ce que j’ai égaré dans les replis de la mémoire…
***
scintillement – 1974
***
le recommencement
la genèse est depuis longtemps conclue et fossilisée au fin fond des enfers et des cauchemars et piégées dans les silences entre les synapses les trompettes de l’apocalypse ne me taquinent plus
j’ai stoppé le temps j’ai déposé un océan et un continent des montagnes au nord de l’est jusqu’à l’ouest un croissant de baie : la mer au sud entre le passé et l’avenir
l’automne crétois est un soleil qui pendule à l’envers d’août jusqu’en novembre et revient par quand octobre glisse en septembre – comme on glisse en sieste – au rythme de la mer au gré du vent du jour
Ierapetra, Crète – Automne 1971
===
Rodos, Grèce, avril 1977
***
Extase matérielle : cimicifuga, fin octobre 2005 — souvenir de mon jardin, Gatineau, Québec.
___
Montréal, le 19 août 2014
… je me réconcilie avec ce que je fus, avec ce que je suis, ce que j’ai toujours été… mon parcours dans la vie, les choix que j’ai faits, les lignes droites tout autant que les courbes et les détours…
… ne rien regretter — les coups de tête, les crâneries, les démissions, les abstentions… non plus me complaire des illuminations, des quelques coups de génie, des consécrations…
En 1960, la photographe Inge Morath traverse le continent américain en automobile, de New York jusqu’à Reno, Nevada, en compagnie de Henri Cartier Bresson. Elle se sert autant de sa dactylo portative que de sa caméra pour annoter ses observations.
Ce sont les photos de Morath, que j’ai examinées attentivement en tournant les pages du livre de photos The Open Road ( The Road to Reno ), qui m’ont inspiré pour piquer ici la courtepointe de mes road trips américains.
Bonnes routes…
Camping, South Bend, Indiana – juin 2011 — Les « Native Americans » n’apprécient guère qu’on se serve des noms dérivés de leurs cultures, les noms de tribus ou de leurs grands chefs historiques, pour identifier des marques de commerce, telles, par exemple, la Pontiac, la Winnebago, le camion Chevrolet Apache, ou la Jeep Cherokee… Il est intéressant d’observer qu’après avoir tenté d’éliminer leurs cultures, on en valorise des éléments aujourd’hui.
Winterset, Iowa, juin 2011 — Ville natale de John Wayne et chef-lieu du comté de Madison, où on a tourné le film The Bridges of Madison County, mettant en vedette Clint Eastwood et Meryl Streep. Le jeune couple qui pose devant la statue de John Wayne est venu du Texas jusqu’à Winterset`, pour visiter la maison natale de cet acteur qui a personnifié une certaine image de l’homme américain de son époque.
Ponderosa Campground, Cody, Wyoming, juin 2011 — On peut toujours s’offrir un repas à l’hôtel Irma, au coeur de Cody, la ville fondée par Buffalo Bill Cody, marcher sur la rue principale, entrer dans un magasin, s’acheter un chapeau et une veste de cowboy… Pour admirer une magnifique collection d’art de l’Ouest américain, ainsi que la collection des armes à feu qui ont servi à conquérir l’Ouest, et pour mieux connaître le territoire des Rocheuses, ses paysages, les Indiens des Plaines et, enfin, le personnage de Buffalo Bill Cody, le voyageur devra passer quelques heures, sinon deux jours pour visiter l’étonnant Buffalo Bill Heritage Centre.
Parc national Pecos Pueblo, Nouveau Mexique, juin 2016 — Notre guide, un descendant des Espagnols qui se sont installés dans l’ancienne province du Nouveau-Mexique, bien avant la conquête américaine il y a plus d’un siècle et demi, raconte une version plus équilibrée de l’histoire de sa région et de ce site, selon les points de vue espagnol, pueblo, et américain.
Patrimoine architectural historique de la communauté noire de Cape May, New Jersey, mai 2014 — Au cours des années 60, une terrible tempête d’hiver ravage Cape May pendant quelques jours. Le quatier habité par la communauté noire est plus touché que les autres. Les édiles municipaux, en majorité blancs, qui lorgnaient sur le potentiel immobilier de ce secteur de la ville, manœuvrent pour élaborer un plan de rénovation urbaine. Il reste encore quelques traces du quartier historique de la communauté noire de la ville. En été, un organisme qui veille sur le patrimoine de cette communauté organise des visites guidées, à pied, à l’intention des touristes, pour raconter l’histoire de leur communauté.
Santa Fe, Nouveau-Mexique, juin 2016 — Qui n’a pas rapporté un ou des souvenirs de leurs voyages… du sable de plage, un vase, un crâne de vache… ? Certains souvenirs sont plus modestes que d’autres. La valeur de ceux-ci est souvent plus émotive que monétaire.
Old Faithful, dans le Parc national Yellowstone, juin 2014 — Les visiteurs, venus de tous les continents, se rassemblent graduellement ; l’auditoire s’étale sur le trottoir en bois… on attend… Patience… le geyser si célèbre n’est plus aussi régulier, ni aussi spectaculaire que par le passé. Aussitôt le spectacle presque terminé, il ne faut pas rater l’occasion de prendre une photo, pour le souvenir du moment.
Charleston, Caroline du sud, mai 2014 — Samedi matin, la onzième édition du Charleston Dog Show.
Jetée, Virginia Beach, Virginie, mai 2014 — Quoi faire sur le long de la plage quand la journée n’est pas propice à la baignade ? Toutefois, les pêcheurs doivent parfois faire concurrence aux dauphins qui s’adonnent aussi à cette occupation.
Pike Place Market, Seattle, Washington, juillet 2011. Les voyageurs qui parcourent de longues distances en autocaravane peuvent choisir d’y préparer leurs repas dans leur « maison mobile » plutôt que d’aller au restaurant. Pour s’approvisionner, outre les supermarchés, ils peuvent fréquenter, là où il y en a, les marchés publics, comme celui-ci, toujours animé. De plus, ces voyageurs savent que qui dit marché public dit aussi restauration.
Café, Corning, New York — Une pause après la visite d’un musée, prendre des notes de voyage, consulter les cartes routières, ou avant de reprendre la route…
Je suis en train de préparer une présentation sur mes road trips américains, que je livrerai dans quelques semaines à mon club de photo. J’envisage de décomposer cette présentation en plusieurs thèmes, tout en la clôturant avec une nouvelle version d’un diaporama qui porterait sur la route en soi, telle que vue derrière le pare-brise de notre autocaravane…