De la démesure

Dès la fin de l’avant-midi de la première journée de travail de l’année, avant leur lunch, les grands patrons des plus grandes compagnies canadiennes auront empoché autant d’argent que ce que les salariés canadiens gagneront en moyenne au cours de toute l’année. C’est ce que nous révèle un tableau publié par le Centre canadien de politique alternative. Depuis plus de trois décennies, cet écart de revenus entre les plus riches et le salarié moyen s’accentue non seulement au Canada, mais un peu partout dans le monde occidental.

On peine à comprendre ce qui justifie cette évolution au sein de notre société.

Qu’est-ce qui peut bien motiver quelqu’un à vouloir accumuler autant de richesse, beaucoup plus d’argent qu’il est nécessaire pour vivre confortablement, aujourd’hui et demain, jusqu’au dernier jour de sa vie ? sinon que la démesure, ce que les Grecs de l’Antiquité appelaient hybris ?

En interrogeant les spécialistes, on obtient une grand variété de réponses, plus ou moins complexes, tout aussi valables les unes que les autres. Le politicologue nous éclairera sur les aspects politiques de la question ; certains économistes ajouteront que ce sont les lois et les forces des marchés qui expliquent cette tendance, tandis que d’autres attireront notre attention sur les politiques fiscales et la tendance à la financiarisation de l’économie dans un contexte de mondialisation.

Mais, approfondissons un peu plus. En débroussaillant le tout, ne peut-on pas se poser la question suivante : l’état de crise que nous subissons depuis des années n’est-il pas, fondamentalement, de nature morale ?

Une colère qui ne dérougit pas
Une colère qui ne dérougit pas

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