Mardi matin, au marché

À Montréal, en hiver, on se réfugie à l’intérieur dans les deux principaux marchés publics de Montréal. Au Marché Jean-Talon, dans l’arrondissement Rosemont-Petite Patrie, on réduit l’espace pour les étals de fruits et légumes frais et on érige des murs à l’intérieur desquels on peut les vendre à l’abri des éléments. Plusieurs produits sont locaux, telles les tomates cultivées dans des serres. Des oiseaux réussissent à pénétrer à l’intérieur et à s’y établir pour la saison.

Au cours de la fin de semaine, le marché grouille de monde : petits et grands, tout le monde se faufile dans un espace restreint. Si l’on veut éviter cette cohue, il faut s’y rendre en début de semaine.

marche-jean-talon-interieur-lhiver

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Dimanche matin à la mi-janvier…

… au lever du soleil : une belle heure pour jouer au hockey…

hockey

 

Veille de Noël

veille-de-noel-dans-ma-cour-ecran

 

Il a neigé ce matin sur Montréal.

Noël sera blanc cette année.

un matin d’été

couleurs palpitantes

frétillement des cigales

jardin d’ombres intense

... au jardin d'ombres, souvenir de juillet
au jardin des sous-bois, en juillet

Carpe diem

Dernières traces de l'hiver
Parc Maisonneuve, Montréal, 2 avril 2016

Quelques mots, pour passer le temps… pour me distraire de ce sur quoi je bosse… et que je n’ai rien d’autre à dire… ou plutôt, que je préférerais passer mon temps sur d’autres sujets, mais que je dois terminer le travail que j’ai promis, et qu’ainsi, je dois remettre à plus tard ce que je voudrais raconter, si j’en avais le temps. Vous ne me suivez pas ? pas d’importance !

( = ( : ) = )

Voici la version en noir et blanc de la photo précédente : les dernières traces de l’hiver.

Je suis convaincu qu’une même prise de vue peut susciter des impressions très différentes selon le traitement qu’on en fait : la version en noir et blanc, ci-haut, de la photo précédente en témoigne fort bien à mon avis.

( = ( : ) = )

Le dicton dit bien qu’en avril, il ne faut pas se découvrir d’un fil.

Cette année, le printemps prend son temps pour s’installer. Une masse d’air frais nous convainc de ne pas ranger nos manteaux d’hiver trop rapidement. Il ne suffit pas du soleil pour nous éblouir ; il faut aussi la chaleur. La neige est presque toute fondue, mais la saison froide traîne encore un peu. En sortant à l’extérieur ce matin pour déposer les ordures ménagères sur le bord du trottoir, j’ai senti, et le thermomètre m’a confirmé, que la température était nettement sous la moyenne pour ce moment-ci de la saison.

Dans les circonstances, cette autre version en noir et blanc serait plus conforme à la « réalité », telle qu’on la ressent ces jours-ci. On pourrait jaser longtemps dans les cafés, du temps qu’il fait, des impressions de la « réalité » que suscitent divers traitements d’une photo, tout en passant le temps en attendant l’apparition des jonquilles et des tulipes… en attendant aussi de pouvoir sortir dehors sur les terrasses, afin de poursuivre cette conversation infinie sur le temps qu’il fait.

Carpe diem, disait-il, Horace, le poète latin, déjà, il y a très longtemps… entre deux gorgées de vin, puisqu’il n’y avait pas de café, ou de thé, dans ces temps-là. Peut-être, lorsque j’aurai un peu plus de temps, devrais-je donner rendez-vous à ce vieux sage, au Musée des beaux-arts, où on nous présente, jusqu’à la fin de l’été, une magnifique exposition sur Pompéii.

Plaisirs d’hiver au Parc Molson

Dimanche après-midi…

Il fait beau et doux dans la P’tite Patrie…

On se rassemble au Parc Molson…

On chausse nos patins, et on tourne en rond autour du kiosque et tout autour du parc…

Au Parc Molson le dimanche après-midi

matin d’hiver… rue laurier

devant le café

un jeudi matin d’hiver

l’éternité fige

Rue Laurier
Café TorréFiction — popote santé bar espresso

les mains dans les poches

souffle coupé par le froid

saisie éphémère

L’attente et l’arrivée de l’hiver

Lundi, 21 décembre, 2015 – Journée du solstice d’hiver

Début de l’hiver astronomique au Québec, tard en soirée, quelques minutes avant minuit… la journée la plus courte de l’année, le solstice d’hiver.

Contrairement à l’habitude, je n’y porte pas attention. Je ne me suis même pas renseigné sur la date et l’heure exacte de cet événement au cours des jours qui ont précédé.

Il n’y a aucune trace de l’hiver dans les parages. Depuis presque le début du mois, la température se maintient au-dessus du point de congélation. On bat des records de chaleur régulièrement.

-*-

Jeudi, 24 décembre 2015 – La veille de Noël

Je marche d’un pas vif sur les trottoirs de la ville, au rythme monotone du passage des voitures. Les pneus ffrrroulent sur la chaussée mouillée, s’harmonisant au ruissellement des rigoles qui coulent vers les caniveaux.

Une pluie drue arrose la ville en ce matin de la veille de Noël. L’air, très humide, est extrêmement doux par rapport à la moyenne de ce temps-ci de l’année : 20 C au-dessus de la moyenne, un record… un record exceptionnel, pas loin d’une dizaine de degrés de plus que l’ancien record.

Culturellement, Noël et l’hiver sont associés à la neige au Québec. Ce n’est pas Noël ici, ni l’hiver, tant que la neige ne s’est pas déposée sur les toits, les trottoirs, les branches des arbres, les parcs… que la neige n’a pas couvert le pays en entier. Mon pays, c’est l’hiver, comme le clame si bien notre poète national, Vigneault, et tel que l’a si bien chanté Monique Leyrac :

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon jardin ce n’est pas un jardin, c’est la plaine
Mon chemin ce n’est pas un chemin, c’est la neige
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver

La publicité sur les sites Internet… les vitrines et les étals des magasins… les chansons qui hantent les corridors des centres d’achat… les émissions spéciales à la télévision… On n’y échappe pas ; tout focalise notre attention sur la saison des fêtes. Mais je demeure distrait : quelque chose nous manque… la neige…

On se résigne enfin à ne plus l’attendre, à s’en passer. Le réveillon commence dans quelques heures.

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Montréal, le 25 décembre 2015

Vendredi, 25 décembre 2015 – Noël

On parlera probablement longtemps de l’année du Noël sans neige à Montréal, comme on parle des événements climatiques exceptionnels qui ont marqué nos vies.

Ceux qui se se promènent aujourd’hui dans les parcs raconteront qu’ils s’étaient baladés lentement, savourant l’air, qui n’est pas aussi doux que la veille certes, mais qui demeure néanmoins confortablement au-dessus du point de congélation ; ils se souviendront que les joggeurs et les cyclistes avaient profité de l’extension exceptionnelle d’un automne qui n’en finissait plus pour faire un circuit supplémentaire autour du parc, que les écureuils, plus nombreux que d’habitude, s’énervaient et sautaient tout autour, ne s’écartant des sentiers que lorsque des promeneurs ou des chiens les dérangeaient en passant.

Si les augures ont raison, si le climat se réchauffe au cours des années à venir, on s’en souviendra comme de la toute la première circonstance de ce qui deviendra éventuellement peut-être la norme.

Souvenirs du printemps

Je ressasse, tout en me promenant, mes souvenirs des Noël passés.

Depuis deux ou trois décennies, les premières neiges qui restent au sol arrivent de plus en plus tardivement… d’abord à la fin de novembre, puis en décembre. Immanquablement toutefois, quelques jours avant le solstice, la neige s’amène ; qu’importe que la couverture soit mince, presque symbolique, voire qu’elle fonde quelques jours plus tard, l’important, c’est qu’elle décore le paysage de façon appropriée pour la fête de Noël.

Mes pas se maintiennent en mode de pilotage automatique sur les sentiers du parc alors que mes neurones cheminent dans les labyrinthes de la mémoire… : c’est la première fois depuis plus de quarante ans que je passe une journée de Noël sans aucune trace de neige.

Je me souviens de cette journée unique, où jeune adulte, je m’étais échoué sur l’ile de Patmos, en Grèce pour y passer la fête de Noël : je revois mentalement le paysage devant moi.. Tout était tranquille. Seuls les coqs persistaient à vouloir animer la vie des villages.

Au cours de mon exploration des environs ce matin-là, j’avais fait une pause pour m’asseoir sur un petit quai de béton. Me prélassant sous un soleil qui tardait à percer la brume, au fond d’une grande crique s’échappant entre deux collines dénudées, jusque sur la mer Égée, je m’étais déchaussé pour baigner mes pieds parmi les écrevisses, au son des clapotis de l’eau calme.

Puis, après le déjeuner, j’avais fait une longue marche solitaire sur les hauteurs au sud de l’ile : un paysage sec, rocailleux, quasi désertique, et la mer qui s’étend, bleue, à chaque tournant des sentiers, tout autour.

Le temps devenait de plus en plus frais, à mesure que le soleil s’abaissait à l’horizon. Je suis retourné à l’hôtel.

-*-

Dimanche, le 27 décembre 2015 – Première neige

Amorce de l'hiver

Enfin ! une première neige saupoudre le paysage de Montréal ce matin : un mince tapis couvre la ville — quelques centimètres tout au plus, pas assez pour le ski, mais trop pour le vélo.

Je retourne encore une fois, d’abord au Parc Maisonneuve ( ci-haut ), et ensuite, maintenant que la neige est arrivée, au Jardin botanique ( ci-bas ).

Jardin japonais
L’étang du Jardin japonais n’est toujours pas complètement gelé
Retour au jardin alpin
Jardin alpin

De retour chez-moi, en attendant la tempête qu’on nous annonce pour le lendemain, je fouille dans mes archives photographiques.

Il y a trois ans, à la même date, les Montréalais s’étaient encabanés chez-eux pour laisser passer une tempête. J’avais allumé un feu dans le foyer, pour mieux climatiser le spectacle derrière chez-moi : des bourrasques de vent fouettaient les branches des arbres, soufflaient la neige parfois presque à l’horizontale, l’étalaient sur les rues, et sculptaient des arabesques autour des obstacles. La visibilité était très limitée. Vingt-quatre heures plus tard, une couverture épaisse de 45 centimètres de neige s’était déposée sur la ville.

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver
Mon refrain ce n’est pas un refrain, c’est rafale
Ma maison ce n’est pas ma maison, c’est froidure
Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver

De mon grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c’est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race

27 décembre 2012Je me suis aussi souvenu d’une autre tempête, toujours entre Noël et le Jour de l’an. Je n’habitais pas Montréal à l’époque.Tout avait débuté le lendemain de Noël, en 1969.

Mais un ami m’avait prêté son appartement, face au Parc Lafontaine. Une amie était passée m’y rendre visite au tout début de la tempête. Isolés du reste du monde, nous avions perdu le temps, à contempler la neige virevolter, à parler, à écouter de la musique, à lire, à boire et manger, et à se gaver et s’ennivrer l’un de l’autre, pendant trois jours. Lorsque nous sommes sortis, à la fin de la tempête, le paysage était féérique ; il y a avait une soixantaine de centimètres de plus sur le sol.

Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’envers
D’un pays qui n’était ni pays ni patrie
Ma chanson ce n’est pas une chanson, c’est ma vie
C’est pour toi que je veux posséder mes hivers

-*-

Mercredi, le 31 décembre, 2015

L’hiver est arrivé pour de bon. On nous annonce un temps polaire pour les jours qui viennent.

Les amateurs de ski sont heureux. Les enfants sortent leurs toboggans et leurs tapis de glisse et envahissent la moindre pente ; ils entreprennent de construire des châteaux et des forts de neige.

Il n’y a plus de joggeur, ni de cyclistes dans les parcs de la ville.

Parc Maisonneuve - Dernier jour de l'année en nb

Montréal l'hiver en nb
Montréal s’est vêtue d’un manteau de neige
Belle journée pour le ski
Belle journée pour le ski

Méditation

Méditation en nb sur l'hiver un 25 décembre

Détour au Jardin alpin

L’automne conserve son allure de novembre et prolonge sa durée jour après jour après jour…

Tous les jardins du Jardin botanique sont prêts pour l’hiver, un hiver qui boude et tarde à se manifester.

Il y a quelques jours, je suis allé flâner dans le secteur du jardin alpin, où j’ai repéré des points de vue intéressants, surtout sous un ciel dramatique de fin de journée.

Jardin alpin à la fin du jour

Records de chaleur

On a fracassé un record de chaleur aujourd’hui à Montréal, alors que le thermomètre a atteint 14 degrés C en après-midi ( 57 degrés F ) — cinq degrés centigrade de plus que le record qui avait été établi il y a plus d’un demi-siècle. Normalement, dans notre région, à la mi-décembre, la moyenne se situe légèrement au-dessous du point de congélation, et la neige couvre le sol en permanence depuis quelques semaines.

On ne se plaint pas du beau temps de cette année. Néanmoins, on s’inquiète : y aura-t-il de la neige au sol cette année pour célébrer Noël ?

Les météorologues nous rappellent que les hivers ont tendance à être tardifs depuis plusieurs années. Ils nous préviennent aussi que nous devrons nous habituer à ce genre de température à cette période de l’année : la planète se réchauffe.

Le paysage domestiqué du Parc Maisonneuve dans l'est de Montréal
Vendredi, le 11 avril 2015 : le paysage domestiqué du Parc Maisonneuve dans l’est de Montréal

C’était une belle journée pour aller se promener dehors. On se doit d’en profiter, si ce n’est que pour marquer l’occasion.

Ainsi, je suis retourné encore une fois flâner dans les sentiers qui traversent les paysages domestiqués du Parc Maisonneuve, ainsi que du Jardin botanique qui y est adjacent.

L'étang du Jardin botanique de Montréal
L’étang du Jardin botanique de Montréal

Ruminations au crépuscule

crépuscule 2
Le Parc Maisonneuve à la fin du jour

Les journées raccourcissent de plus en plus chaque jour. Il faut sortir plus tôt en après-midi pour bénéficier des dernières lumières du jour.

Heureusement, la température est clémente, plus clémente qu’elle ne l’est d’habitude à cette période-ci de l’année. Normalement, selon les météorologues, nous devrions marcher sur une couverture de neige d’une épaisseur d’une dizaine de mm au début du mois de décembre dans la région de Montréal. De plus, on nous prédit aussi un hiver doux cette année.

Je ruminais mes souvenirs sur l’évolution du temps au cours de ma marche plus tôt en fin d’après-midi. Un souvenir précis me revient épisodiquement ces jours-ci.

C’était vers la fin des années 70, nous étions assis autour de la table familiale, mes parents, ma sœur, mes frères et nos conjointes. Ce devait être à l’occasion des fêtes de Noël puisque nous discutions de la température et des hivers d’antan. J’avais exprimé l’avis qu’il fallait se méfier de notre mémoire, qui avait tendance à magnifier nos réminiscences du passé. Ma mère, qui n’en avait pas l’habitude, était intervenue pour insister que les hivers de son enfance étaient effectivement plus sévères, plus longs et froids.

Aujourd’hui c’est à mon tour de me rappeler que les hivers de mon enfance commençaient plus tôt et se prolongeaient plus tard que ceux plus récents, qu’il tombait plus de neige et qu’il faisait plus froid.

Ce qui me surprend encore plus, c’est que les gens que je fréquente, surtout ceux qui sont, selon le point de vue, aussi vieux ou jeunes que moi, sont bien heureux du temps doux que nous éprouvons ces jours-ci. Néanmoins, succombant simultanément à des accès de nostalgie, nous souhaitons tous un Noël blanc ; nous nous en accommoderons d’autant plus facilement que rien ne nous oblige de sortir les jours où le verglas, ou une chute de neige nous incitera à passer la journée au chaud, dans une chaise berçante, avec un livre ( ou une tablette électronique ) et une boisson chaude à portée de la main.

Cet après-midi, à la fin de mes ruminations ambulatoires, je suis revenu à l’actualité : alors que les délégations de tous les pays du monde sont réunies ces jours-ci à Paris, je me suis demandé combien de fois nous avons refusé de reconnaître ces indices qui auraient dû nous porter à porter plus d’attention à cet enjeu du changement climatique. Nous nous sommes comportés comme ces grenouilles qui se baignent dans la marmite qui se réchauffe : c’était tiède, c’est chaud, ça deviendra bouillant, et nous persistons toujours à ne pas changer nos comportements pour éviter ce qui devient chaque jour de plus en plus inéluctable.

Décembre

Souvenir de l’été…

avant l'hiver

Au Parc Maisonneuve, une mince feuille de glace couvre les flaques d’eau tôt le matin …

Le vent pique les oreilles. Une bruine froide vaporise les lunettes. Il faut bien s’emmitonner, surtout les mains, et protéger l’appareil de photo.

Quelques cyclistes traversent toujours le parc, ainsi que les adeptes infatigables du jogging. D’autres promènent leur chien.

En attendant la neige, on y a déjà balisé les pistes de ski de fond.

grisaille de décembre

L’automne à Montréal

Une journée dans Montréal à l’automne

Aube sur l'étang du Jardin botanique
L’aube sur l’étang du Jardin botanique, octobre 2012
L'automne à Montréal
Traînant les pieds dans les feuilles mortes, sur les trottoirs du Plateau, octobre 2015
Sur le Boulevard Rosemont, dans la Petite Patrie
Remontant sur le Boulevard Rosemont, dans la Petite Patrie, octobre 2013
Courir dans Maisonneuve
Descendant vers Maisonneuve, octobre 2013
L'automne au Jardin botanique 21
Retournant à l’étang du Jardin botanique, en fin d’après-midi, octobre 2012
Jardin des Premières nations
Ressuscitant la mémoire du passé, octobre 2012

Samedi matin, au parc Molson

L’automne, à Montréal

Éphéméride – l’automne

Les premiers voiliers d’outardes passent dans le ciel ; les arbres se dénudent progressivement ; les crémeries ferment leurs portes… l’automne s’est installé à Montréal.

Fin de saison à la Crémerie Dairy Queen
Fin de saison à la Crémerie Dairy Queen, 12 octobre 2013

Songe hallucinant de l’été

Parc Maisonneuve - ArbresBanc public

Cigales stridentes

Songe hallucinant d’été

Coule dans l’automne

Entre le blanc et le noir

Une flânerie sur Notre-Dame

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La rue Atwater, à la croisée de Notre-Dame – 8 juin 2013

Depuis trois ans, j’arpente ma ville, celle que j’ai adoptée pour y vivre le reste de ma vie, Montréal.

Tout comme je l’ai fait partout où j’ai vécu depuis l’enfance et l’adolescence, je flâne dans la ville pendant de longues heures, à toutes les saisons. J’apprends à reconnaître des repères, le long de ses rues et ses ruelles. Je musarde dans ses parcs. Je lorgne toutes les coutures de ma ville, je la reluque, je la toise. Je cherche à découvrir les replis de son âme, à capter ses humeurs ; je me l’apprivoise.

Il y a deux ans, j’ai marché le long de la rue Notre-Dame, une des plus vieilles rues de Montréal, depuis le Marché Atwater jusqu’au Carré Viger — une promenade d’environ cinq kilomètres. À l’époque, je ne connaissais de ce parcours que son tracé dans le Vieux Montréal. Tout ce que je savais, c’est que c’était une des premières rues de Ville-Marie et, qu’avec le temps, on l’avait prolongée au-delà de ses murs, vers l’est et vers l’ouest.

Je ne connaissais rien, je ne connais toujours pas grand chose de l’histoire des quartiers que j’ai traversés, ce jour-là, au début du mois de juin : la Petite-Bourgogne, Griffintown, le Vieux-Montréal.

Je prenais mentalement note de l’apparence des édifices, tout en m’interrogeant sur ce que ces structures pouvaient me laisser deviner de leur histoire, de leur vécu. Je scrutais les rues transversales, pour entrevoir ce qu’elles pouvaient me révéler sur leur état.

Je me souvenais des mouvements de contestation qui s’étaient manifestés lorsque l’administration municipale avait amorcé des projets de « rénovation urbaine » dans ces secteurs au cours des années 1960-70.

Notre-Dame et Saint-Martin, dans la Petite-Bourgogne -- 8 juin 2013
Notre-Dame et Saint-Martin, dans la Petite-Bourgogne — 8 juin 2013

Le souvenir de ces événements attisaient ma curiosité. J’ai remarqué qu’on achevait ou qu’on était en train de construire ce qui m’apparaissait comme étant des développements relativement récents. On pouvait entrevoir, à chaque croisée des rues, des projets de nouveaux condos : des pancartes annonçaient que certaines unités étaient déjà en vente, tandis que d’autres étaient en phase de construction — phases 1, 2, 3…

Par ailleurs, sur la rue Notre-Dame même, il reste peu de terrains vagues. Toutefois, il me semblait que la série d’antiquaires, de restaurants, et d’autres commerces variés ne pouvaient pas être fréquentés par les « héritiers » des résidents qui demeuraient dans ces quartiers il y a encore une génération.

Il n’y avait pas beaucoup de gens sur la rue en cette fin d’après-midi, un samedi, alors que les nuages couvraient la ville comme une gigantesque boîte à lumière. Plus mes pas m’amenaient vers l’est, plus je ressentais une impression de vide : il se dégageait de ces scènes urbaines une allure d’espace abandonné, vacant.

Le vieux et le neuf, vus de Griffintown
Le vieux et le neuf, vus de Griffintown — 8 juin 2013

En passant les environs de l’École de technologie supérieure, j’ai présumé que c’était parce que les fantômes des quartiers d’autrefois s’étaient tus depuis longtemps. Il faut plus que de nouveaux édifices pour refaçonner une nouvelle âme des décombres des anciens. Il faut plus que de la volonté pour renaître.

Notre-Dame et McGill, là où se trouvaient les murs de la ville il y a plus de 200 ans.
La rue McGill, telle que vue du coin de Notre-Dame, là où se trouvaient les murs de la ville il y a plus de 200 ans — 8 juin 2013

Puis, rendu à la rue Berri, tout en me dirigeant vers la station de métro Berri-UQAM, je me suis rendu compte que c’était l’heure, pour moi aussi, de rentrer chez-moi, l’heure de transition entre le jour et la nuit, un samedi soir de juin.

Intérieurement, je me suis promis de revenir un jour retracer mes pas le long de ce même tracé — à une heure différente, une autre saison, dans le sens opposé. Cela reste à revoir.

Le fleuve Saint-Laurent et le port de Montréal

Pont Jacques Cartier
Le Pont Jacques-Cartier, qui enjambe le Port de Montréal – 26 mai 2013

… Et dussé-je m’exposer au zèle du Comité de Protection Civile, je vous ferai savoir que, à fleur de Montréal, à quelques pas de la Place d’Armes, passe le fleuve Saint-Laurent.

Évidemment, je n’apprends rien aux étrangers qui sont renseignés, eux, par le fait qu’ils ont dû payer un péage pour arriver à Montréal : or qui dit péage dit pont, et qui dit pont dit ou rivière ou promesse électorale. Mais je suis sûr que la majorité des vrais Montréalais, ceux qui n’ont jamais éprouvé le besoin d’aller admirer les mollets aguichants des Québécoises ou les eaux glaciales de la baie des Chaleurs, apprendront avec stupeur que le Saint-Laurent est à nos portes et qu’on le leur a toujours caché. Qu’est-ce donc que ce Saint-Laurent ?

C’est d’abord un cours d’eau et magnifique. C’est le beau Saint-Laurent, le prestigieux, l’historique Saint-Laurent, le fleuve géant, près duquel le Canadien grandit en espérant ; c’est son majestueux cours que l’étranger voit avec un œil d’envie, à ce point qu’il serait, paraît-il, question d’en faire cadeau aux États-Unis.

En attendant, il nous est loisible de franchir le fleuve en montant sur le pont dit Jacques-Cartier. Mais n’allez pas croire que ce pont ait été justement construit pour permettre aux Montréalais, qui le traversent en leur voiture, de voir le fleuve à peu de frais. Pas le moins du monde.

… Il y a quelque temps, vous eussiez pu à la rigueur, bravant les odeurs familières du marché et les escarbilles des locomotives du Port, vous glisser par les ruelles tortueuses, passer entre les camions qui font à Notre-Dame de Bonsecours une anachronique couronne. Traversant les voies de chemin de fer, puis une muraille défensive, vous fûtes arrivé sur les quais. Mais depuis que l’Italie triomphe sur les mers de la façon que vous le savez, on a eu le soin de placer des gardes aux abords de notre fleuve. Et si vous demandez à l’un de ces agents : « S’il vous plaît, pourriez-vous m’indiquer où est le fleuve Saint-Laurent ? » Il vous répondra : « Monsieur, adressez-vous au bureau. »

Ringuet, Perversion municipale, 1942

Le texte cité ci-haut a été publié en 1942 par la Société des écrivains canadiens dans un recueil de textes intitulé Ville, Ô ma ville, pour célébrer le tricentenaire de la fondation de Montréal.

L’auteur, Ringuet, pseudonyme de Philippe Panneton, est mieux connu pour son roman Trente arpents, qui a marqué son époque en raison de son évocation du passé rural du Canada-français, qui était en voie de transformation profonde. Le style du texte de Ringuet contraste avec la plupart des autres textes du recueil. Comme on le souligne dans une autre anthologie, publiée un demi-siècle plus tard, Montréal en prose – 1892-1992  ( L’Hexagone ), on remarque que le texte de Ringuet jette un « regard décapant sur la ville », un regard contemporain que se démarque de la plupart des autres textes du recueil de 1942, qui se réfugient beaucoup plus dans le passé.

 

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Marc-Aurèle Fortin, Incendie au Port de Montréal, c. 1931 ( Musée des beaux-arts du Canada )

 

Rappelons qu’en 1942, le pont Jacques-Cartier ne relie Montréal à Longueil que depuis une douzaine d’années seulement. Pendant une trentaine d’années, il a fallu payer pour le traverser. Un quart de siècle plus tard, on a construit un autre pont, le pont Champlain, un peu plus au sud ; les utilisateurs de ce dernier ont dû payer pour le traverser pendant une longue période de temps. Le pont Champlain sera démoli, d’ici peu nous a-t-on promis, aussitôt qu’on l’aura remplacé par un nouveau pont ; mais on devra, encore une fois, payer à nouveau pour traverser ce nouveau pont.

Le Canada est, à l’époque de la rédaction du texte de Ringuet, en guerre contre l’Allemagne et l’Italie. Soulignons enfin qu’à la même époque, l’élévateur à grain no. 2, situé derrière le Marché Bonsecours, cache le fleuve au regard des Montréalais. On a, depuis moins d’un quart de siècle, dégagé une partie du fleuve pour le rendre accessible à la population.

Il n’en demeure pas moins, qu’aujourd’hui encore, le Port de Montréal occupe les rives du fleuve depuis le quai de l’Horloge jusqu’au-delà du pont-tunnel Hyppolite-Lafontaine. Il est difficile de voir le fleuve, de n’importe quel point de vue, tout le long du port, à une exception près, celui du Parc Bellerive. Aussi, encore aujourd’hui, la plupart des Montréalais n’ont pas réellement conscience de vivre sur une ile. On le leur a caché pendant plus d’un siècle et demi.

… vers Frontenac et Ontario, il y avait …

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Rue Ontario, vers Frontenac, 26 mai 2013 : on fabrique toujours des cigarettes à la MacDonald.

Aux confins du quartier se trouvaient quelques usines. À l’extrémité nord-est, c’est-à-dire vers Frontenac et Ontario, il y avait la MacDonald, célèbre compagnie de tabac de Virginie, grosse ruche consommatrice d’existences humaines où des centaines de filles qui mâchaient de la gomme et que l’on disait « communes » donnaient les plus belles années de leur jeunesse, sacrifiaient souvent leur grâce et leur beauté pour gagner des salaires calculés « à la cenne » et se permettre des sorties le samedi soir dans quelques clubs de nuit de la ville, ou dans les salles de cinéma ou dans les snack—bars, vêtues chic, d’atours disparates, mis à la mode par des manufacturiers juifs, rois de la confection bon marché et de courte durée.

Je n’y échappe pas, comme tu vois Johnny. Parler du Faubourg à m’lasse que nous avons connu c’est parler de la vie comme elle existe ailleurs dans le monde entier, à cette différence près que ce que nous avons connu du Faubourg reste intimement imprégné dans notre âme et dans notre chair. Nous étions des enfants et nous ne savions rien des choses de la vie, sinon que ce que nous apprenions sans nous en rendre compte, à notre manière. Ces images impérissables que nous conservons d’un passé bien lointain ont fait de nous ce que nous sommes.

Marcel Dubé le faubourg à m’lasse ( Hôtel-Dieu de Montréal, le 31 janvier 1975 )