Le Moyen-Orient bouillonne depuis quelques semaines.
Je pense souvent à ce jeune homme que nous avions croisé l’automne dernier, à la sortie du camping de Bordeaux-Lac, à l’arrêt de la ligne d’autobus qui nous amenait au terminus de la ligne de tramway. Lire la suite…
La France est un pays familier pour nous Québécois, surtout pour ceux qui, comme moi, ont fait leur « cours classique » à l’adolescence. Ce n’est pas tout à fait un pays étranger. Mais cela demeure un pays étranger, de bien des points de vue, malgré toutes les affinités entre Québécois et Français.
Nous nous en rendons compte, de multiples façons, depuis trois jours que nous y séjournons.
Un guide touristique est un instrument indispensable pour quiconque veut pleinement profiter d’un voyage à l’étranger. Mais rien ne vaut le contact direct avec les gens qui habitent les pays qu’on visite. Ce sont eux qui y vivent quotidiennement. Ils peuvent nous apprendre bien des choses qu’on ne trouverait pas dans des livres, ou dans des pages de l’Internet.
Nous avons eu le bonheur, dès la première soirée, d’avoir été accueillie par une famille française, en fin de journée, au début du « week-end ». Nous avons passé une agréable soirée à jaser… de tout et de rien.
J’ai de la peine à saisir que ce n’est que hier matin que nous attendions l’arrivée du TER qui nous a emmenés de Genève à Lyon.
Nous avons l’impression de nous retrouver dans un tourbillon. Tout passe si vite. Et pas de temps pour en rendre compte.
En attendant le TER Genève-Lyon sur le quai à la Gare de Genève
Il y a deux jours, jeudi, nous avions appris en quittant notre hôtel pour aller explorer Genève, que c’était jour de fête à Genève.
Tout, ou presque tout, était fermé: la plupart des services publics (sauf le transport en commun et le bureau du tourisme), les grands commerces, beaucoup de restaurants même. On aurait dit que les Genevois avaient abandonné la ville aux touristes.
C’est en après-midi, en faisant jasette avec deux Genevoises dans un café, que nous avons appris ce qu’était le Jeûne genevois : une journée pour se souvenir des heures difficiles que les générations anciennes ont vécues dans le passé, plus ou moins récent. Elles avaient autant de questions sur le Québec que nous en avions au sujet de la Suisse d’aujourd’hui.
Au cours de cette conversation, elles nous ont donné de bonnes adresses où on peut manger sans dépenser une fortune à Genève. Plus tard, en fin d’après-midi, nous nous sommes donc rendus au premier restaurant qu’elles nous avaient recommandé : le Bain de Pâquis. À moins qu’un Genevois ne l’y ait conduit, c’est probablement par hasard, en déambulant sur la jetée que le touriste découvrira ce restaurant. Et même s’il se rend compte qu’il s’y trouve un restaurant, il n’y prêtera pas attention. Erreur! J’y ai dégusté un magnifique canard au poivre noir. Dans les restaurants qui longent les quais du Lac Léman, à quelques pas de là, on aurait dépensé au moins le double pour un repas tout aussi délicieux.
La pluie a passé pendant que nous dînions. Elle a forcé tout le monde à entrer à l’intérieur. Nous y avons partagé une table avec un groupe de jeunes gens, dont deux Québécois. Le jeune homme était de passage en visite chez ses amies, dont une est étudiante en relations internationales à Genève. Il est originaire du Bas du Fleuve et a travaillé à Ottawa au cours de l’été qui vient de se terminer. À son avis, Genève est bien. Une belle ville, quoique plus tranquille qu’Ottawa.
En sortant à l’extérieur, on a constaté que la pluie était passée. Le soleil la repoussait au loin dans les montagnes avec un balai en forme d’arc-en-ciel.
Notre séjour à Genève a été court.
On a beau avoir le temps devant soi, les horaires de voyage peuvent être aussi inflexibles que celui du milieu de travail.
Nous devions partir vendredi matin. Nous avions un rendez-vous vendredi soir et un autre samedi matin.
J’ai perdu l’habitude des vols transatlantiques. Le corps n’est plus aussi jeune. C’est plus difficile d’accuser le coup… une attente plus longue et des procédures plus exigeantes pour l’embarquement; six heures assis dans un espace très étroit; l’adaptation à un nouveau rythme circadien; un estomac qui ne reconnaît plus son alimentation…
Il faut dire aussi que cela faisait trente ans depuis la dernière fois. C’était bien avant l’événement du 11 septembre fatidique. La première fois que j’avais traversé l’Atlantique, il y a quarante ans, tous les passagers avaient été obligés de débarquer de l’avion, afin que chacun puisse identifier ses bagages.Une personne qui s’était enregistrée plus tôt le matin même à Montréal ne s’était pas présentée à l’embarquement au moment du départ. Ses bagages avaient ainsi été isolés, dans l’aire d’identification. Il avait fallu rembarquer et le navigateur avait dû refaire le calcul du parcours, avec de nouvelles données, quelques heures plus tard. Il pouvait toujours naviguer au sextant.
Rien de tel aujourd’hui. Tous les passagers peuvent suivre le parcours sur un petit écran devant soi : la distance parcourue à tout moment, tout au long du vol, l’altitude, la vitesse au sol, la température extérieure. J’ai suivi la progression du vol sur toute la durée. J’ai su au moment exact à quel moment nous avons dépassé Terre-Neuve, à quel moment nous avions accompli la moitié du trajet… Une heure environ avant de s’approcher de l’Irlande, j’ai regardé à travers le hublot. J’ai perçu les premières lueurs du jour qui allait se lever à l’est.
Lever du jour sur l’Europe – 8 septembre 2010
Quelques heures plus tard, nous débarquons à Genève.
Le temps de nous rendre à l’hôtel, déposer les bagages, nous rafraîchir, nous amorçons une première visite de la ville. Nous voulions, entre autres, activer le téléphone cellulaire; mais ça, c’est une autre histoire…
Ce fut une longue marche dans les rues de la vieille ville…
Nous déjeunons Rue de la Fontaine, face au Carousel, à côté du Temple de la Madeleine.
Le manège derrière le Temple de la Madeleine
Nous arpentons ensuite les rues de la vieille ville, jusqu’au Musée d’ethnologie, avant de rebrousser chemin vers l’hôtel. Chemin faisant, on s’arrête au magasin Apple : on nous y recommande d’attendre d’arriver à Lyon pour activer le téléphone cellulaire ; par contre nous trouvons de quoi réparer une de nos valises, qui avait été légèrement percée dans l’avion ; à la pharmacie, la jeune vendeuse est étonnée lorsque je lui demande des lames de rasoir, en expliquant qu’on s’en sert toujours pour se faire la barbe, même en Amérique ( elle s’informe et apprend qu’on en tient toujours dans le magasin, au fond d’un tiroir ).
… une longue marche en après-midi, suivie d’une autre, plus courte, après le dîner, en fin de soirée. Comble d’ironie, nous dînons à l’Age d’or ( 11, rue de Cournevin ). Nous sommes épuisés à la fin de la journée.
La ville nous plaît beaucoup. Nous nous sentons mentalement comme des gamins, qui gobent tout ce qu’ils voient, touchent, dégustent, sentent, et entendent. Au magasin principal de Victorinox, sur Rue du Marché, j’ai remplacé le couteau suisse qu’on m’avait confisqué à l’aéroport de Dorval… ça aussi, c’est une autre histoire en soi.
Une longue flânerie, jusqu’au Musée d’ethnographie
Genève est une ville tranquille. Aujourd’hui, au moment de repartir explorer, nous apprenons que c’est encore plus tranquille que d’habitude. C’est congé férié : la journée du Jeûne genevois. On ne l’avait pas prévu celle-ci. Tout est fermé partout, sauf les services publics essentiels et beaucoup de restaurants, mais pas tous.
On flâne. C’est un peu frais. On admire l’architecture de la ville. On se promène le long des berges du Lac Léman. On parle avec des gens de la place dans un café, qui nous expliquent ce qu’est cette journée fériée du Jeûne genevois ; elles nous suggèrent toute une série de restaurants pas trop chers, pour satisfaire une variété de goûts. Nous suivons leurs conseils en début de soirée : nous nous rendons au restaurant aux Bains des Pâquis, sur la jetée là où le Lac Léman se verse dans le Rhône – vraiment pas cher. Ce faisant, nous avons droit au spectacle enchanteur d’un arc-en-ciel, qui se dessine devant un orage qui fuit vers les Alpes en arrière-plan.
On revient plus tôt à l’hôtel, pour réorganiser et refaire nos bagages. Demain, nous prenons le train régional pour nous rendre à Lyon. Mais nous reviendrons dans un mois à Genève, pour prendre l’avion qui nous ramènera chez-nous.