Regards indiscrets en visitant des musées…
2010 – Musée gallo-romain de Lyon
On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.
Des Musulmans brûlent les lieux de culte d’autres religions dans certains pays d’Afrique, et d’autres Musulmans protestent, souvent de façon violente, partout dans le monde, contre la publication du dernier exemplaire de Charlie Hebdo. Ils exigent qu’on respecte leur prophète.
Et pourquoi devrais-je respecter ce prophète, ou quelque prophète que ce soit, quelle que soit la tradition religieuse dont il serait issu ?
Les dieux, tous les dieux, quels qu’ils soient, sont des créations culturelles ; tout comme les civilisations, ils, les dieux tout autant que les déesses, sont mortelles.
Je n’ai pas d’obligation à respecter quelque philosophe que ce soit, occidental ou autre, depuis les pré-socratiques jusqu’aux plus récents, en passant par les grands sages des civilisations orientales, persanes, chinoises ou indiennes. Je les étudie, je m’en inspire… ou non, selon le cas.
Je suis né dans un milieu catholique. J’ai été baptisé, sans l’avoir choisi. Je ne suis plus croyant, par conviction. Techniquement, je suis donc apostat. Cela ne veut pas dire que je mérite des coups de fouet, encore moins la peine capitale.
On me reparlera du respect des prophètes quand on aura aboli des lois et des préceptes inhumains, irrespectueux de la personne, prétendument dictées par des dieux, et telles qu’on les applique au nom des enseignements d’un prophète… ou de quelque autre idéologie que ce soit.
Je peux écrire ce que je viens d’écrire sans avoir à craindre de me faire condamner à recevoir mille coups de fouet et d’autres restrictions à ma liberté personnelle.
Un jeune homme, Raif Badawi, un Saoudien, a eu le culot de créer un blog « libéral » dans cette monarchie moyenâgeuse de l’Arabie saoudite. Au nom de la religion du « Prophète », il a été condamné par la police religieuse de ce pays à dix ans de prison, à recevoir 1 000 coups de fouets au cours des années à venir ; il a de plus été privé de la liberté de quitter son pays au cours des dix années après sa sortie de prison, s’il survit à la torture qu’on lui impose pour le punir du délit d’opinion.
Vendredi, Raif Badawi recevra encore une fois 50 coups de fouet.
Il faut exiger sa libération immédiate. Et demander à nos gouvernements de faire pression sur le régime médiéval de l’Arabie saoudite pour obtenir sa libération.
Il y a longtemps de cela, très longtemps… j’ai eu le temps de changer de peau deux fois depuis ce temps.
À cette époque, je travaillais à Ottawa pour une société d’état fédérale à mandat commercial. J’y occupais un poste au sein de l’unité de l’équité en matière d’emploi : l’unité de la police de la rectitude politique, comme on disait dans notre dos. C’était à l’époque où on commençait à s’intéresser, au sein des grandes organisations privées et publiques, aux enjeux de la gestion de la diversité.
Ce matin là, une journée de fin d’automne, il faisait froid et humide ; je devais me rendre à une réunion, dans un autre quartier de la ville. Je descend l’ascenseur, sors du portique, me dirige vers les taxis qui attendent, tels des vautours, les clients ; j’ouvre la porte avant, et m’installe. Le chauffeur, un jeune homme, dépose le livre qu’il lisait. J’observe, discrètement, la couverture du livre. C’est un Livre de poche, un roman de Julien Green.
…
Si je suis Charlie, je suis aussi Raif… : signez la pétition pour réclamer la libération de Raif Badawi.
Dès la fin de l’avant-midi de la première journée de travail de l’année, avant leur lunch, les grands patrons des plus grandes compagnies canadiennes auront empoché autant d’argent que ce que les salariés canadiens gagneront en moyenne au cours de toute l’année. C’est ce que nous révèle un tableau publié par le Centre canadien de politique alternative. Depuis plus de trois décennies, cet écart de revenus entre les plus riches et le salarié moyen s’accentue non seulement au Canada, mais un peu partout dans le monde occidental.
On peine à comprendre ce qui justifie cette évolution au sein de notre société.
Qu’est-ce qui peut bien motiver quelqu’un à vouloir accumuler autant de richesse, beaucoup plus d’argent qu’il est nécessaire pour vivre confortablement, aujourd’hui et demain, jusqu’au dernier jour de sa vie ? sinon que la démesure, ce que les Grecs de l’Antiquité appelaient hybris ?
En interrogeant les spécialistes, on obtient une grand variété de réponses, plus ou moins complexes, tout aussi valables les unes que les autres. Le politicologue nous éclairera sur les aspects politiques de la question ; certains économistes ajouteront que ce sont les lois et les forces des marchés qui expliquent cette tendance, tandis que d’autres attireront notre attention sur les politiques fiscales et la tendance à la financiarisation de l’économie dans un contexte de mondialisation.
Mais, approfondissons un peu plus. En débroussaillant le tout, ne peut-on pas se poser la question suivante : l’état de crise que nous subissons depuis des années n’est-il pas, fondamentalement, de nature morale ?