Mois : septembre 2015
La nature de l’été
Chronique partielle de mon été : randonnées dans les jardins









L’œil du photographe
Le monde virtuel n’existe pas…

Je me suis servi d’un outil, une caméra, pour créer une représentation d’un instant, d’un moment infiniment pointu dans le déroulement de l’univers. Je me suis ensuite servi d’un autre instrument, un ordinateur, pour simuler le traitement de cette image de ce moment qui n’existe plus… un souvenir, qui n’a rien de virtuel, puisque je ne pourrai jamais le reproduire dans la réalité.
J’aurais pu me servir d’un crayon, d’un fusain, ou d’un pinceau pour créer cette image sous la forme d’un dessin, ou d’une peinture. Je me serais ensuite servi d’un autre instrument, une machine programmée pour convertir ce dessin en langage numérique, pour pouvoir vous présenter mon souvenir de cet instant qui n’existe plus. Ce dessin n’aurait pas plus ou moins de « réalité », ou de « virtualité », que la reproduction que j’en aurais fait avec une machine à numériser — quoique mon dessin existerait matériellement, alors que sa numérisation n’existerait que médiatisée par une machine. La conversion de mon dessin en chiffres n’aurait d’existence que magnétique, quelque part sur mon ordinateur, ainsi que sur un nuage qui flotte dans un gigantesque entrepôt de serveurs quelque part dans le monde.
***
Le monde virtuel n’est qu’une simulation du réel : c’est une brillante composition de chiffres, qu’une machine actualise sur mon écran. Je peux créer une simulation d’un monde, la modifier, la partager avec le village global tout entier.
Je peux aussi néantiser l’existence même d’une simulation qu’on qualifie de réelle, sans retour… complètement. Combien de fichiers n’avons-nous pas éliminer, sans pouvoir les récupérer ?
Personne ne peut mettre le réel dans une poubelle, sinon que métaphoriquement.
Hypnose collective dans un nuage
L’imaginaire n’a pas en soi de capacité à s’actualiser…
…
Nous avons appris à considérer comme des choses les choses qui apparaissent sur nos écrans…
… nous sommes de plus en plus à l’aise avec le fait de substituer des représentations de la réalité à la réalité.
…
Nous n’avons plus le sentiment d’être projetés dans des mondes virtuels, mais plutôt de vivre avec des interfaces numériques.
Stéphane Vial,
L’être et l’écran : comment le numérique change la perception
PUF, 2013 ( pages 166 et suivantes )…
… des légions aussi paperassières qu’une troupe moderne !

Le système technique et économique qui soutenait la production et la diffusion de l’écrit était déjà très élaboré à l’époque de l’Empire romain.
Un millénaire après le déclin de cet Empire, ces processus changent radicalement suite à l’avènement de l’imprimerie. Néanmoins, ses fondements subsistent : la plume d’oiseau demeure le pilier de l’écrit en Occident. Puis, l’évolution des systèmes techniques s’accélère à partir de la révolution industrielle ; celle-ci permet la constitution de grandes entreprises de presse et d’édition depuis deux derniers siècles.
À nouveau, depuis guère plus d’un quart de siècle, l’écrit est en train de muter. Une nouvelle révolution technologique suscite une autre transformation, aussi importante que celle qui a découlé du développement de l’alphabet, puis de celle de l’imprimerie.
… il parle beaucoup !
Les lettres parlent
Il y a quelques jours, ma petite fille de quatre ans feuilletait, en compagnie de sa grand-mère, un livre sur le yoga destiné aux enfants. Bien entendu, ce livre contient beaucoup d’images ; mais il est toutefois précédé de quelques dizaines de pages d’introduction dépourvues d’images. Elles tournent ensemble les pages rapidement pour en arriver au sujet, c’est-à-dire, à la section illustrée. Ce faisant, la petite s’exclame : « Il parle beaucoup le livre. »
Ma petite fille ne sait pas encore lire, mais elle comprend déjà que ces lignes de signes « parlent ». Il faut dire que ses parents et ses grands-parents lisent des livres en sa compagnie depuis les premiers mois de sa vie. Un livre est, pour elle, l’équivalent d’un jouet. Elle est membre de la bibliothèque municipale, qu’elle fréquente régulièrement avec ses parents. Quand le temps viendra, elle voudra apprendre à lire et à écrire.
