
Ce n’est pas par hasard, ni pour visiter le Great Platte River Archway que nous nous sommes retrouvés à Kearney, au centre du Nebraska, au mois de juin 2011.
Planifier un voyage est un travail patient et minutieux. Je m’y suis pris à plusieurs reprises pour planifier le voyage que nous avons complété à l’été 2011.
À l’origine, en 2008, ma conjointe et moi voulions traverser le continent : rejoindre le Pacifique. Mais je caressais simultanément le projet de concevoir un circuit qui aurait retracé le parcours du voyage imaginaire décrit dans Volkswagen Blues, le roman de Jacques Poulin.
Dans un premier temps, j’avais relu le roman, pour me familiariser à nouveau avec cette aventure. Ensuite, j’avais entrepris de recueillir des renseignements, afin d’identifier des sites, des points d’intérêt, des terrains de camping, ainsi que pour tracer une route qui serait le plus fidèle possible à l’esprit du voyage imaginé par Poulin. Parallèlement, je relisais des sources historiques sur l’épopée de nos ancêtres, les premiers Canadiens et les Français qui ont sillonné ce territoire immense de l’Amérique à l’époque de la Nouvelle-France, bien avant les Anglais qui, quelques années après la Conquête de 1760, deviendraient des Américains. Ce faisant, j’ai découvert des éléments d’information que je ne connaissais pas sur le lointain passé de notre continent.
J’ai suspendu ce projet parce qu’il était prématuré : nous n’étions pas vraiment prêts à y donner suite, entre autres sur un plan professionnel. Le temps a passé ; de fil en aiguille, le projet s’est transformé.
Deux ans plus tard, lorsque je me suis intéressé à nouveau à ce projet de voyage, l’objectif de base demeurait le même : traverser le continent jusqu’au Pacifique. Entretemps toutefois, j’avais reçu un mandat de la revue Camping Caravaning pour la rédaction d’un article : proposer aux lecteurs des pistes de découverte des Indiens des grandes plaines de l’Ouest américain. Je demeurais néanmoins intéressé à suivre la trace de nos ancêtres, les premiers Canadiens, ces descendants des Français qui avaient adopté un nouveau pays et qui étaient partis l’explorer. Bien entendu, j’ai récupéré les résultats de ma première recherche en me remettant à la planification de ce voyage.
La décision de laisser tomber le projet de retracer la route décrite dans Volkswagen Blues libère les contraintes quant au trajet. Il faut néanmoins vérifier la validité des renseignements recueillis deux ans plus tôt. Je collige d’autres renseignements : calendrier d’événements, horaires et tarifs d’admission aux sites qui nous intéressent, données sur le climat de chaque région, sur les marchés publics, les distances à parcourir et la nature des routes…
Entre autres, j’étudie les itinéraires possibles. J’examine les nombreuses variantes possibles de deux routes : la première traverserait l’Ontario jusqu’à Détroit avant de se diriger vers Saint-Louis via Chicago — ce qui incluait un arrêt à l’une des étapes du périple de Vokswagen Blues, qui fait l’objet d’un chapitre du roman de Poulin ; la seconde nous emmènerait à la frontière américaine en se dirigeant directement vers Syracuse (New York), avant de bifurquer vers l’Ouest pour traverser le territoire historique des Iroquois et rejoindre la rivière Ohio, via Cincinnati et Louisville, en direction de Saint-Louis. Dans les deux cas, nous serions partis de Saint-Louis en remontant le cours du Missouri jusqu’à Omaha et Sioux City.
Peu à peu, des contraintes se manifestent. Certains musées ou sites d’intérêt sont fermés certains jours de la semaine et leur horaire est restreint à certaines périodes de l’année. Nous avions appris d’expérience qu’il est préférable d’inscrire des journées de repos dans notre horaire ; il faut tenir compte qu’il faut faire de l’entretien périodiquement – faire le marché, la lessive, le ménage… Enfin, l’expérience nous a enseigné qu’il faut être flexible : prévoir qu’il y aura des imprévus, notamment ceux occasionnés par la météo, en plus des découvertes que l’on fera en chemin et qui nous inciteraient à modifier l’itinéraire.
L’élément climatique n’est pas négligeable : à quel moment donné fixer le départ ? La seconde route, plus au sud, nous aurait permis de prendre la route plus tôt en mai. Toutefois, cette route est nettement plus longue. Nos engagements personnels et nos obligations de toutes sortes rendaient cette éventualité difficile. C’est ainsi que, par élimination, nous choisissons la route qui passerait par Détroit et Chicago. Nous partirions vers la fin-mai, en prévoyant un retour au début du mois d’août.
Entre autres, je voulais insérer un powwow au programme de nos activités au cours de ce voyage. C’était un incontournable, étant donné le mandat de rédaction que j’avais reçu. La tenue des pow-wow semble se concentrer au printemps et à l’automne. Mes recherches me révélaient qu’il y avait peu de pow-wow ouvert au grand public qui auraient coïncidé avec notre présence dans une région donnée au moment où nous y serions passés le long de notre route. On renonçait à se rendre à Saint-Louis. De Chicago, on s’était dirigé directement vers Omaha… et ensuite, vers Kearney.
C’est qu’à Kearney, au Nebraska, pour la troisième année consécutive, les autorités du Great Platte River Road Archway avaient invité diverses nations amérindiennes à venir célébrer leur retour sur leurs terres ancestrales et à manifester leur présence en organisant, entre autres, une démonstration d’un pow-wow, à l’intention du grand public.
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