La Maison Pawnee

Jour 19, Kearney, Nebraska – 17 juin 2011

Chaque année depuis 2008, la direction du Great Platte River Road Archway invite diverses nations autochtones à venir se manifester sur leurs terres d’origine de la région centrale du Nebraska.

Au cours du 19è siècle, l’armée de la jeune nation américaine a déplacé plusieurs nations autochtones à des centaines de kilomètres de leurs « pays ». Entre autres, afin de les éloigner du sentier de l’Oregon, elle a escorté les Pawnees, contre leur gré, sur des centaines de kilomètres pour les parquer dans des réserves plus au sud. L’afflux croissant, d’années en années, de migrants vers le paradis promis de l’Oregon, occasionnait des échauffourées entre les nations amérindiennes et les colons. Rappelons que la nation américaine croyait que ce territoire leur appartenait, puisqu’elle l’avait obtenu de la France, lorsque Napoléon leur avait vendu la Louisiane pour quelques millions de dollars. Les Américains croyaient aussi que c’était leur destinée de civiliser le monde, et cela signifiait qu’ils étaient dans leur droit, issu d’un mandat divin, de civiliser les territoires de ceux qui y habitaient depuis des centaines d’années.

Il semble que l’heure soit à la réconciliation. En 2010, on a invité les Pawnees à venir construire une maison traditionnelle, en terre durcie. Un an plus tard, pour célébrer cette occasion et pour sensibiliser les visiteurs et les gens des environs, un jeune homme qui avait participé à la construction de cette maison a raconté l’événement en présence d’un aîné de sa nation.

Ce jeune homme a d’abord décrit comment les membres de sa communauté s’y sont pris pour la construire. La nation Pawnee n’a jamais dessiné de plans pour leurs habitations. Le savoir-faire se transmettait d’une génération à l’autre au sein des communautés ; autrefois, par tradition, chacun apprenait en participant à chacune des étapes de la construction, depuis le choix et l’abattage des arbres jusqu’à la consécration de l’édifice. Ce savoir-faire avait disparu suite au processus d’acculturation progressive des communautés au cours du siècle précédent. Ils ont dû consulter des vieillards d’autres nations amérindiennes, qui ont construit des structures semblables ailleurs dans l’Ouest américain. Il leur a fallu trouver des arbres appropriés, capables de soutenir la structure de l’édifice. Ils ont procédé de façon expérimentale. Plus qu’une réussite sur le plan technique, ce fut avant tout une expérience spirituelle, pour lui autant que pour ses compagnons de travail et sa communauté tout entière. C’était le retour aux sources. Un geste de réconciliation.

D’autres après lui sont venus témoigner de l’organisation du monde et de l’univers cosmique qu’on trouve dans cette construction, comment on y organisait la vie d’une famille et d’une communauté. L’entrée d’une maison est toujours située vers l’est, vers le lever du jour. Chaque membre d’une famille avait sa place désignée au sein de la maison. Cette maison était parfaitement adaptée à son environnement ; elle était confortable, ayant l’avantage d’être très chaude en hiver, et fraîche en été, contrairement aux maisons d’aujourd’hui. On estime que cette maison peut durer des décennies lorsqu’elle est bien entretenue. À la toute fin de cette présentation, le jeune homme conclut en entonnant un chant spirituel, au rythme du tambour.

Plus tard dans l’après-midi, lorsque le ciel se dégagea, on dépêcha des jeunes sur le toit, pour y  ajuster l’ouverture, qui sert de cheminée à la maison.

La maison Pawnee, vue de l’extérieur

Comme la plupart du monde, je croyais que tous les peuples des plaines de l’ouest nord-américain étaient nomades, qu’ils suivaient les bisons au rythme des saisons et qu’ils habitaient dans des tipis. J’ai appris, au cours de notre voyage, que les Pawnees n’étaient pas le seul peuple sédentaire à habiter les grandes plaines de l’ouest américain.

Le grand explorateur français LaVérendrye avaient rencontré les Mandans vers 1740, au cours de son voyage d’exploration de l’immense territoire des plaines de l’ouest au centre du continent nord-américain. Les Mandans habitaient sur le bord du fleuve Missouri, dans ce que sont aujourd’hui les états du Dakota du Nord et du Sud. Les Mandans construisaient eux aussi des maisons en terre sèche. Alliés des Français, ils commercèrent longtemps avec les coureurs de bois français, jusqu’à l’arrivée des Américains. Les Mandans n’existent plus aujourd’hui. Mais ça, c’est une autre histoire.

Épisode précédent : Pourquoi Kearney Nebraska

Prochain épisode : Le Powwow

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